États-Unis: le Pentagone devient actionnaire d’un exploitant de terres rares

AFP
Le ministère américain de la Défense (DOD) a conclu un partenariat public-privé à long terme avec MP Materials, société d’exploitation de terres rares aux États-Unis, en vertu duquel il va devenir son plus gros actionnaire et investir plusieurs milliards de dollars, a annoncé l’entreprise jeudi.
Cet accord «transformationnel [...] va accélérer de manière drastique l’élaboration d’une chaîne d’approvisionnement de bout en bout de terres rares magnétiques aux États-Unis et réduire la dépendance envers l’étranger», a expliqué MP Materials dans un communiqué.
Grâce à un «achat groupé d’investissements de plusieurs milliards de dollars» et à l’«engagement de long terme du DOD», l’entreprise compte lancer la construction d’une seconde usine de fabrication d’aimants dès qu’un lieu sera identifié.
La production, qui devrait commencer en 2028, a pour vocation de servir les clients du secteur de la défense, mais aussi du secteur privé.
Cela lui permettra de disposer d’une capacité totale de 10 000 tonnes par an, en cumul avec son infrastructure existante située à Mountain Pass (Californie), deuxième site d’extraction de terres rares le plus important au monde.
Dans le détail, l’accord prévoit l’acquisition, par le ministère, de l’équivalent de 400 millions de dollars d’actions préférentielles convertibles nouvellement émises ainsi qu’un droit à acheter des actions ordinaires au prix unitaire de 30,03$ US.
En fin de compte, le DOD devrait détenir 15% du capital de MP Materials, ce qui en ferait son premier actionnaire.
Vers 18 h 45 GMT, l’action de MP Materials bondissait de plus de 50% à 45,23$ US à la Bourse de New York.
Le ministère s’est aussi engagé à payer un prix minimum de 110$ par kilo - dont le cours se situe autour de 60 dollars actuellement – pendant dix ans pour sa production de NdPr – alliage de néodyme et de praséodyme utilisé dans les moteurs et les générateurs notamment – afin de «réduire les risques liés aux spéculations externes au marché» et d’«assurer un flux stable de liquidités» à l’entreprise.
Il va aussi s’assurer que tous les aimants produits par la seconde usine – baptisée 10X – soient achetés pendant dix ans après la fin de sa construction.
Les terres rares – dix-sept matières premières, découvertes à la fin du XVIIIe siècle en Suède, et possédant chacune des propriétés différentes – sont stratégiques, car indispensables à l’économie de demain, en particulier dans les technologies de la transition énergétique et l’électronique.
Le président américain Donald Trump y est très sensible, plaçant ces terres rares au cœur d’un accord d’aide américaine à l’Ukraine en février ou encore des négociations commerciales actuelles avec la Chine.
Il souhaite également s’emparer du Groenland, qui renferme 36,1 millions de tonnes de ressources de terres rares, selon le Service national de géologie du Danemark et du Groenland (GEUS).