US Open: Quatre ans plus tard, Félix Auger-Aliassime de retour en demi-finale!


Jessica Lapinski
FLUSHING, New York | Il y avait une lueur dure à décrire dans le regard de Félix Auger-Aliassime quand son dernier coup du match a été frappé hors des limites du terrain par Alex de Minaur.
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Une lueur mi-moqueuse, mi-fière. La langue sortie, le Québécois a salué New York en levant sa raquette. Puis il a pris une balle et l’a catapultée dans les gradins, où 23 000 personnes l’applaudissaient.
Quatre ans. Il lui aura fallu quatre ans, mais Félix est de retour en demi-finale de l’US Open, d’un tournoi du Grand Chelem.
Quatre années ponctuées de victoires, de beaux moments, oui. Mais de doutes et de revers difficiles à digérer aussi.
«Quatre ans... ça m’a paru un peu plus long. Honnêtement, ce furent quatre années difficiles, mais c’est encore meilleur d’être de retour en demi-finale», a déclaré un Auger-Aliassime au sourire indécollable, au milieu de ce central Arthur-Ashe, le plus grand stade de tennis.

En très bonne compagnie
Félix, 25e tête de série à New York, venait de s’offrir son troisième joueur du top 15 en autant de matchs.
Inarrêtable depuis le début de la quinzaine, souvent en assénant des coups gagnants à ses adversaires, c’est cette fois grâce à sa ténacité que «FAA» est venu à bout de la huitième tête de série 4-6, 7-6 (7), 7-5 et 7-6 (4).

Grâce à une bataille intense et forte en rebondissements de 4h10, il s’est offert une place parmi les quatre derniers aux Internationaux des États-Unis, où se trouvaient déjà l’Espagnol Carlos Alcaraz et le Serbe Novak Djokovic.
Félix, lui, affrontera l'intraitable numéro 1 mondial, Jannik Sinner, qui s'est offert son compatriote Lorenzo Musetti, 10e tête de série, en trois petites manches de 6-1, 6-4 et 6-2, en fin de soirée.
Difficile de se retrouver en meilleure compagnie, même si le défi qui l’attend maintenant vendredi soir sera sans précédent.
Le démon était humain
Ce ne fut pas toujours joli, ce match de quarts de finale, qui, lui, était son premier sur pareille scène depuis les Internationaux d’Australie 2022.
D’un côté comme de l’autre, les deux joueurs ont connu des ratés. Ils l’ont reconnu. Cinquante fautes directes pour Félix, qui a compensé avec 51 coups gagnants.
Il n’avait pas le choix, «FAA», d’y aller avec cette puissance qui lui avait si bien servi pendant ses quatre premiers matchs du tournoi. Celui qui se trouvait de l’autre côté du court est surnommé «Demon» parce que c’est ce qu’il est sur le terrain.

Un démon de 26 ans qui retourne presque chaque balle en jeu. Même d’un tweener (un coup entre les jambes) sur la ligne de fond comme celui qu’il a réussi au début du deuxième set, laissant Auger-Aliassime pantois.
Mais le démon était humain, finalement. Et s’il a donné des sueurs froides au Québécois tôt dans le match, le monstre retourneur ne pouvait pas survivre avec ce taux de première balle anémique sur son propre service.
De Minaur a affiché un pourcentage de premières balles inférieur à 40% pendant une longue partie du match. À un moment, au deuxième set, Félix en a profité.
La ville de tous les possibles
Parce qu’il n’a jamais paniqué, Félix, et c’est sans doute ce qu’il y a eu de plus beau dans cette rencontre (hormis le fameux tweener de l’Australien).
Il n'a pas paniqué quand il tirait de l'arrière par un bris au deuxième set. Il n’a pas paniqué quand il a été brisé alors qu’il servait pour la manche pour la première fois au troisième. Il n’a pas paniqué quand de Minaur a pris une avance de 4-1 dans le quatrième.

Ainsi, voici Félix Auger-Aliassime de retour parmi les quatre derniers joueurs en lice d’un tournoi majeur. La première fois, il avait 21 ans. Il en a 25 maintenant, et il savoure davantage le moment: «Je ne suis plus la même personne», a-t-il convenu.
Ç’a paru long, oui, mais il n’a jamais cessé d’y croire, assure-t-il. À force de travail, il est revenu là où il aurait toujours voulu rester.
Les doutes et les déceptions des dernières années ponctuées de sorties au premier tour en Grand Chelem ont fait place à un immense sourire.
Le Québécois disait cette semaine ne pas croire que l’énergie de New York avait un quelconque impact dans cette belle quinzaine qu’il vivait. C’était le travail, la maturité.
Mais New York, ça reste quand même la ville où tout devient possible, non, Félix?