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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

UQÀM: le plan de redressement

Photo Joël Lemay, Agence QMI
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Philippe Lorange, Étudiant à la maîtrise en sociologie – UQÀM

2022-09-21T09:00:00Z
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Vendredi 16 septembre, UQÀM. Je marche dans les couloirs, dans le sublime pavillon Hubert-Aquin, et je tombe sur des murs enduits de graffitis, tous plus vulgaires et haineux les uns que les autres. Je comprends, sans surprise, que des militants qui ne sont pas sortis de la petite enfance ont senti le besoin de faire leurs dessins sur les murs.  

Ce que je comprends moins bien, c’est qu’après une présence importante d’agents de sécurité la journée d’avant sur les lieux, tout semble maintenant avoir repris à la normale. Les murs n’ont pas été repeints, les militants demeurent calmement dans leurs locaux et l’université n’envoie aucun message à la communauté étudiante pour donner des informations sur la situation. 

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Lâcheté

Toujours sommes-nous pris devant une administration incompétente, des agents de sécurité impuissants, des militants enfants-rois, des luttes de pouvoir opaques. Mais surtout, nous avons affaire à de la lâcheté. Personne n’ose remettre à leur place des petits militants sans envergure qui se croient tout permis dans leur forteresse. Rassemblés en clans tribaux, ces énergumènes parasitent l’université et ternissent depuis un bon nombre d’années la réputation de l’institution. 

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Devant cela, les autorités administratives ne disent mot et font semblant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Que font les professeurs? Ils demeurent dans leur bureau comme si de rien n’était, voyant dans les associations étudiantes, une belle preuve d’engagement scolaire, à inscrire dans une demande de bourse. Alors qui agit, parmi toute cette belle bande de lâches? Personne. 

L’UQÀM est une mauvaise blague. Voilà un bunker repoussant en déclin à la quintessence de l’avachissement. Un éternel chantier de construction mal éclairé qui n’a jamais connu la profondeur et l’enracinement dans l’histoire. 

Impossible de se sentir grandi en entrant dans un pareil garage. On aime dire, mi-blagueur mi-sérieux, que l’UQÀM est un gros cégep. Mais on se trompe : c’est une polyvalente. Nous avons affaire à la même brique déprimante, la même architecture brutaliste, la même négligence de tous les instants. L’UQÀM est le symptôme d’une maladie mortelle qui touche la nation. 

Nous pouvons encore faire quelque chose!

Alors quid? Que faire de ce paquebot en déroute? Plusieurs en appellent à la fermeture définitive de l’établissement. Je ne fais pas partie de ceux-là. En ce moment même, au Québec, les établissements universitaires de langue anglaise supplantent nos universités francophones. La fin de l’UQÀM signerait le triomphe de Concordia. Des professeurs importants y enseignent et des étudiants brillants y affluent : nous pouvons encore faire quelque chose. 

Ce dont a besoin l’UQÀM, c’est d’un sérieux coup de barre. Il nous faudra démanteler les associations étudiantes qui ont répété des actes de vandalisme et punir les récalcitrants. Les murs souillés devront être intégralement repeints et plus aucun graffiti ne doit être toléré. Un éclairage décent doit être mis en place dans les couloirs. Un grand ménage doit être fait pour se débarrasser des traîneries, telle cette éternelle œuvre d’art brisée dans l’agora extérieure. À terme, il faudra penser à un plan de démolition des pavillons Hubert-Aquin et Judith-Jasmin pour reconstruire à neuf, avec une architecture classique qui élève l’âme. Le pic de démolisseur pourra aussi passer du côté du pavillon de design, dont le charme rivalise avec celui d’un entrepôt du BMR. 

Outre cela, l’UQÀM devra en finir avec sa fameuse culture « horizontale » qui est en fait une attaque de tous les instants à la verticalité de l’autorité des maîtres. Une véritable vie étudiante devra naître en dehors des associations étudiantes, ces tribus fanatisées. La liberté d’expression devra reprendre ses droits par des politiques sérieuses. Surtout, l’UQÀM devra redevenir une université du Québec, qui ne passe pas tout son temps à nier l’existence de la nation québécoise. Sans quoi, nous consentirons une fois de plus à la démission collective, jusqu’à l’effacement définitif. 

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Philippe Lorange, Étudiant à la maîtrise en sociologie – UQÀM

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