Universités anglophones: la ministre Déry veut y remédier
L’octroi de 200 M$ par an pour financer des étudiants étrangers inscrits dans les universités anglophones québécoises est «scandaleux», affirme le PQ


Daphnée Dion-Viens
L’octroi de 200 millions $ par an pour financer des étudiants étrangers inscrits dans les universités anglophones québécoises est «scandaleux», affirme le Parti québécois. La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, se dit «très consciente» du problème et assure vouloir y remédier.
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Le Journal rapportait lundi que Québec consacre près de 200 millions $ chaque année pour financer une partie de la formation universitaire d’étudiants canadiens et internationaux inscrits dans des universités anglophones, principalement à McGill et à Concordia.
Or le chercheur Martin Maltais, qui a compilé ces données en collaboration avec Le Journal, estime qu’il faut plutôt «fermer le robinet» puisque ces fonds publics «contribuent directement» à l’anglicisation du Québec.
La ministre Déry se dit très au fait de la problématique, puisque le premier ministre François Legault lui a spécifiquement demandé de se pencher sur la situation à son arrivée en poste l’automne dernier, indique-t-elle.
«Je ne trouve pas ça normal que des étudiants internationaux viennent ici étudier en anglais» alors qu’ils sont financés en partie par l’État, a-t-elle affirmé. Il s’agit «d’une situation qu’il faudra éventuellement corriger», dit-elle.
«On travaille actuellement là-dessus et on va s’y pencher avec le réseau dans le cadre des travaux sur la révision de la politique de financement des universités», précise la ministre en entrevue du Journal.
Un de ses objectifs est par ailleurs d’attirer davantage d’étudiants internationaux dans les universités francophones.
Le chercheur Martin Maltais, qui a aussi été directeur adjoint au cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur sous Jean-François Roberge et Danielle McCann, affirme de son côté que ces millions devraient plutôt être alloués exclusivement aux universités francophones afin de financer le recrutement à l’extérieur du Québec.
- Écoutez l'entrevue de Benoit Dutrizac avec Pascale Déry, Ministre de l’Enseignement supérieur et députée de Repentigny sur QUB radio :
«Scandaleux»
Au Parti québécois, le député Pascal Bérubé affirme que le financement des étudiants étrangers dans les universités anglophones est tout simplement «scandaleux».
«Le gouvernement du Québec finance notre propre anglicisation, déplore-t-il. Je ne sais pas ce qu’on y gagne, mais je sais ce qu’on y perd.»
Le gouvernement Legault devrait rapidement y mettre fin, ce qui représenterait une «action concrète pour valoriser le français», ajoute M. Bérubé.
Chez Québec solidaire, on estime que la Coalition avenir Québec n’en est pas à sa première «incohérence» en matière de protection du français.
«La priorité est de bonifier le financement du réseau d'enseignement supérieur francophone afin qu'il corresponde au poids démographique des francophones au Québec», affirme la députée Ruba Ghazal.
Il n'a pas été possible lundi d'obtenir de réaction à ce sujet de la part du Parti libéral du Québec.
Le gouvernement Legault a fait de la préservation de la langue française une priorité. Il a annoncé récemment la création d’un groupe d’action visant à freiner le déclin du français au Québec, auquel participe la ministre Déry.
Le Journal a aussi tenté lundi d’obtenir des réactions de la part des universités québécoises, mais la plupart ont refusé de commenter. À l’Université Laval, on s’est contenté d’affirmer que l’établissement participera aux travaux entourant la révision de la politique de financement des universités, qui demeure un «enjeu important au Québec».
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