Universités anglophones: hausse importante des frais de scolarité pour les étudiants canadiens

Finis les diplômes au rabais: Québec cessera de subventionner les études des Canadiens anglophones venus chercher ici un diplôme pour une fraction du prix appliqué dans leur province. De plus, les frais de scolarité des étudiants étrangers serviront désormais à financer les universités francophones.  

«On ne souhaite plus financer ces étudiants canadiens qui viennent étudier chez nous, pour la plupart à des tarifs privilégiés, et retournent ensuite dans leur province d’origine. Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, je pense qu’il faut mettre fin à cette politique de tarifs privilégiés», explique en entrevue la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. 

Son gouvernement annoncera aujourd’hui que les frais de scolarité pour un étudiant canadien provenant de l’extérieur du Québec, actuellement de 8992$, passeront à près de 17 000$ annuellement dès l’an prochain. Québec affirme que cette somme permettra de couvrir l’ensemble des coûts liés à leur formation. 

La mesure s’applique uniquement au baccalauréat et à la maîtrise professionnelle, comme le MBA. De plus, les étudiants déjà sur les bancs des universités continueront à payer le tarif réduit. 

Le cabinet de la ministre n’a pas voulu s’avancer sur le montant qui sera imposé aux francophones hors Québec, mais souligne que les exemptions actuelles continueront de s’appliquer. La ministre «souhaite» également offrir des tarifs avantageux aux Franco-canadiens, souligne-t-on.  

• Écoutez l'entrevue avec Pascale Déry à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio : 

Facture salée

Le Journal révélait récemment que les contribuables québécois paient 200 millions$ par année pour subventionner le parcours scolaire d’étudiants du Canada anglais et de l’étranger inscrits dans des universités anglophones. Ces fonds publics «contribuent directement» à l’anglicisation du Québec, dénonçait Martin Maltais, professeur spécialisé en financement de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski. 

Il faut dire que certains programmes représentent une véritable aubaine, comparativement à d’autres provinces. À l’Université de Toronto, par exemple, une année au bac en administration coûtera 15 900$. Pour étudier en droit, c’est près de 35 000$ qu’il faudra débourser. 

Étudiants étrangers

Autre nouveauté, Québec imposera désormais un prix plancher d’environ 20 000$ aux étudiants étrangers de l’ensemble des universités, anglophones et francophones. La différence de quelque 3000$ entre le coût moyen pour un étudiant et la somme exigée servira à rehausser le financement des établissements francophones.  

Les universités demeureront toutefois libres d’imposer le montant qu’elles souhaitent et de conserver la différence. Présentement, les frais de scolarité pour les étudiants étrangers dans l’ensemble du réseau s’élèvent en moyenne à 26 000$.

Financer le réseau franco

Cette initiative s’inscrit dans le plan du ministre Jean-François Roberge pour la protection de la langue française. 

Les deux mesures devraient permettre de dégager environ 150 millions$ par année. «L’entièreté de cette marge financière qu’on va être capable de dégager sera réinvestie à travers plusieurs mesures, uniquement dans le réseau francophone», assure la ministre Déry. 

Québec souhaite ainsi faire croître le réseau francophone, qui peine à faire compétition à son pendant anglophone.

Une des avenues envisagées serait d’accorder des tarifs réduits à des étudiants d’autres pays de langue française. «Ça va faire progresser, de manière accélérée, le nombre d’effectifs qu’on va avoir dans le réseau universitaire francophone», estime Pascale Déry. 

Ça va coûter plus cher

• Étudiant québécois en 2022-2023 : 2881$
• Canadien hors Québec présentement : 8992$
• Canadien hors Québec l’an prochain : ~17 000$
• Étudiants étrangers l’an prochain : 20 000$ et +
• Les exemptions demeurent pour les ententes internationales (France, Belgique, etc.) 
• La mesure ne s’applique pas au 2^e cycle (recherche) et au 3^e cycle 

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