Laurent Dubreuil et son entraîneur: unis dans la réussite
Ils ont savouré cette médaille d’argent


Richard Boutin
PÉKIN | Gregor Jelonek jubilait quand il a vu apparaître le chiffre deux sur le tableau indicateur qui confirmait la médaille d’argent de son protégé.
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« Quand j’ai franchi la ligne, Gregor hurlait tellement il était content, a indiqué Laurent Dubreuil. C’est vraiment incroyable de partager ce moment avec lui. C’est un moment très spécial. Gregor est mon entraîneur depuis que j’ai 16 ans. Certains me disaient que je méritais une médaille olympique, mais Gregor en méritait une comme entraîneur. Il m’a simplement dit : “tu l’as fait, tu as réussi”. »
Heureux pour son protégé
Jelonek était comblé. « Je suis super content pour Laurent, a-t-il souligné. Il travaille fort et ça fait trois ou quatre ans qu’il performe vraiment bien au niveau international. Il la voulait au maximum cette médaille et ça fait une différence. Je savais qu’il était capable de rebondir en raison de sa force de caractère incroyable, mais de le faire aux Jeux olympiques, surtout après sa 4e place au 500 m, c’est incroyable. Contrairement au 500 m, je n’étais pas énervé. J’étais calme et je savais qu’il allait rebondir. »
« On ne s’est pas parlé beaucoup avant la course, d’ajouter Jelonek. Il savait ce qu’il avait à faire. Dans ce temps-là, mon travail est super facile. »

La première marche ?
Jelonek croit que Dubreuil aurait pu se hisser sur la première marche du podium si le Néerlandais Kai Verbij ne s’était pas relevé en voyant qu’il allait se retrouver dans la trajectoire de son adversaire qui arrivait à plein régime dans le corridor extérieur, et qui avait donc la priorité.
« Je pense que Laurent aurait dépassé Krol si Verbij ne s’était pas relevé et qu’il avait pu profiter de son aspiration, a-t-il expliqué. Il n’avait pas le choix de se relever et de le laisser, parce que Laurent avait la priorité en arrivant du couloir extérieur lors du croisement et allait plus vite. Si Verbij avait été un petit peu plus en avance, Laurent aurait eu une cible et ç’a l’aurait propulsé encore un peu plus. »
Départ canon
Habitué de voir Dubreuil en avance lors des premiers 600 mètres, Jelonek a-t-il craint qu’il manque de gaz dans le dernier droit comme ce fut le cas à quelques reprises en Coupe du monde cette année ?
« On a travaillé cet aspect au retour de l’Europe et j’étais confiant qu’il se rende jusqu’à la ligne sans manquer d’énergie, a-t-il expliqué. Il a perdu du poids aussi et cela l’a aidé. »
Petit cachottier
Après la déception du 500 m, Jelonek nous disait que Dubreuil était capable de terminer dans le Top 5 au 1000 m, mais il assure qu’il était persuadé que son protégé possédait l’étoffe pour gagner une médaille.
« Il faut savoir doser, a-t-il raconté pour expliquer sa prédiction. Je savais qu’il était capable de gagner une médaille et Laurent le savait aussi, même s’il n’en avait pas gagné cette saison en Coupe du monde. On avait fait le travail nécessaire. Si je vous avais dit qu’il avait des chances de médaille, cela aurait été une erreur et j’aurais mis trop de pression sur les épaules de Laurent. Il en a déjà assez. »
« Sa 4e place au 500 m a été une erreur de parcours parce qu’il aurait été capable d’être sur le podium, d’ajouter Jelonek. Il a été un peu déconcentré et n’a pas réussi une course parfaite. Le faux départ combiné à sa nervosité et aux attentes élevées a modifié le portrait. »
Jelonek estime que le fait que Dubreuil soit demeuré positif malgré sa grande déception a pesé lourd dans la balance.
« Depuis deux ans, en raison de la COVID, mon mot d’ordre aux athlètes est qu’ils demeurent positifs et qu’ils s’adaptent, a souligné l’olympien des Jeux de Calgary. Quand tu as cet état d’esprit, de bonnes choses se produisent. »