Une victoire pour sa mère atteinte du cancer


Richard Boutin
Désireux de porter le maillot de champion canadien partout sur la planète, le cycliste Pier-André Côté avait une autre excellente raison de viser la victoire aux nationaux sur route disputés dimanche, à Edmonton.
Rentré d’urgence au pays à la fin mai alors qu’il devait demeurer un mois de plus en Europe après avoir signé sa première victoire en carrière, le coureur de la formation Human Powered Health voulait offrir la victoire à sa mère, qui souffre d’un cancer depuis quelques années.
« Les médecins ont découvert une masse au cerveau de ma mère et je voulais être auprès d’elle pour l’accompagner dans ces moments difficiles, a confié Côté. Je voulais gagner pour elle et je suis devenu vraiment émotif quand j’ai passé la ligne d’arrivée. Les chances de succès étaient bonnes, mais il y a toujours des risques, surtout pour une opération au cerveau. Ma mère va bien et le plus dur est fait. »
« Tout s’est bien passé et on devrait être clair pour quelques années, de poursuivre le coureur de Saint-Henri de Lévis. Je me sentais loin de la maison. Je suis cent pour cent redevable à mon équipe, qui m’a permis de rentrer chez moi 48 heures après qu’on ait appris la nouvelle.
« Ils ont été super flexibles. À mon retour d’Edmonton, je vais passer trois autres semaines avec ma maman avant de retourner en Europe pour ma prochaine course, possiblement en Espagne. J’aurai plusieurs opportunités de montrer mon maillot de champion canadien dans de nombreuses courses. » affirme-t-il.
Rude bataille
Avec trois autres coureurs en échappée, Côté s’est imposé au sprint devant le champion en titre, Guillaume Boivin, dans les derniers 200 mètres.
« À 500 m de l’arrivée, Benjamin Perry s’est échappé, mais moi et Guillaume on a été capables de le suivre, a-t-il exprimé. À 200 m du fil, Guillaume a sprinté, mais j’ai pris sa roue avant de le sauter à gauche. J’ai senti que j’avais la puissance [pour] gagner. Avec 100 m, j’ai réalisé que je serais champion canadien. »
Deux jours seulement après son exploit, Côté peine encore à réaliser qu’il a remporté le titre canadien.
« Je suis encore sur mon nuage, a-t-il imagé. Ça va prendre du temps à le réaliser. La journée la plus spéciale sera celle où je disputerai ma première course avec le maillot de champion canadien. Le maillot de champion canadien est distinctif et tout le monde le veut. C’est vraiment spécial. »
Niveau supérieur
Surpris de signer son premier sacre ? « Après un bon début avec ma première victoire en carrière et une deuxième place au Tour de Sicile, j’affichais une bonne forme, mais il fallait voir comment je réussirais cette forme deux mois plus tard en participant à moins de courses que les autres coureurs. Je me suis préparé à la maison et j’ai participé au Grand Prix de Charlevoix. J’ai contrôlé mon alimentation. »
Côté n’a pas caché qu’il souhaitait évoluer au niveau supérieur l’an prochain.
« Je n’ai pas encore eu de discussions avec des équipes du World Tour, a-t-il indiqué. Je voulais attendre après les nationaux et j’ai maintenant de bons arguments qui jouent en ma faveur pour passer à la prochaine étape. »
Guillaume Boivin a tout donné
S’il a levé son chapeau au vainqueur, Guillaume Boivin s’expliquait mal que la course sur route du championnat canadien élite ne compte que 160,6 kilomètres.
« Pier-André [Côté] a été plus fort que moi dans le sprint final, mais c’est quasiment un autre sport faire une course de 3 h 30 », a déclaré Boivin, qui s’était imposé à Saint-Georges de Beauce l’an dernier.
« Ça ressemble à une course junior. En Beauce, on avait franchi quasiment 200 kilomètres pour une durée de 5 h de course. »
Voyage éprouvant
Le coureur d’Israel Start-Up Nation ne regrettait pas de s’être farci un voyage éprouvant depuis l’Europe pour effacer sa grande déception de ne pas avoir été retenu pour le Tour de France.
« J’avais le moral pas mal bas et je voulais passer à autre chose », a expliqué l’olympien des Jeux olympiques de Tokyo.
« Ma présence à Edmonton m’a permis de ne pas ruminer trop longtemps ma non-sélection. L’équipe a misé sur de possibles victoires d’étapes plutôt qu’un bon résultat au classement général, ce qui a nui à mes chances. Je suis le premier réserviste et je vais continuer de m’entraîner et de bien manger dans les prochains jours si jamais je reçois un appel. »
Satisfait
Nul doute que Boivin souhaitait signer un deuxième titre consécutif et un quatrième en carrière après ceux de 2009 et 2015, mais il était satisfait de sa performance.
« Pier-André était très fort et je n’aurais pas pu en faire plus, a-t-il résumé. Je voulais gagner et je me suis donné une chance. »
Boivin reprendra la direction de l’Europe à la fin juillet. Il a bon espoir de prendre part aux épreuves du World Tour à Québec et Montréal les 9 et 11 septembre ainsi qu’au championnat mondial du 18 au 25 septembre à Wollongong, en Australie.
« Je l’ai prouvé en 2021 que je suis capable de courir en avant et j’ai de très bonnes chances d’être sélectionné pour le mondial », a affirmé le coureur qui a une saison à écouler à son contrat.
Dans les autres résultats dignes de mention des nationaux qui étaient présentés en Alberta pour la première fois, Simone Boilard a terminé au troisième rang de la course sur route chez les élites et remporté chez les U-23.
Les nationaux ont pris fin tard, hier, avec la présentation du critérium pour la première fois depuis 2019. Après avoir profité du travail d’Adam de Vos lors de la course sur route, Côté souhaitait retourner la pareille à son coéquipier afin de l’aider à remporter le titre. Boivin n’a pas pris le départ du critérium et il est rentré à Montréal en début de soirée.