Le meurtre à Montréal-Nord pourrait être une erreur sur la personne

Frédérique Giguère
Le jeune homme sans histoire criblé de balles mercredi à Montréal-Nord était grandement impliqué dans sa communauté, au point où il tentait de mettre sur pied une ligue de hockey pour les enfants défavorisés.
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Jointe au téléphone jeudi après-midi, Ronide Casséus est inconsolable.
«Jayson était le fils que toutes les mamans rêvent d’avoir», lance-t-elle, dans une conversation ponctuée de sanglots, de gémissements et de silences.

Son fils unique, Jayson Colin, 26 ans, a été victime d’un meurtre gratuit peu avant 23 h alors qu’il se trouvait avec trois copains dans la cour de l’école secondaire Lester B. Pearson.
Le suspect cagoulé, qui a ouvert le feu sur le quatuor pour une raison qui demeure inexpliquée, s’est enfui et n’a toujours pas été localisé.
Le jeune homme a été transporté à l’hôpital, où il a succombé à ses blessures. Tout indique qu’il n’était pas visé et qu’il pourrait s’agir d’une erreur sur la personne, selon nos informations.
L’un de ses amis, âgé de 25 ans, s’est rendu à l’hôpital peu de temps après pour des blessures par balle. Comme sa vie n’est pas en danger, il a pu être rencontré par les enquêteurs des crimes majeurs.
Passionné de hockey
Intervenante jeunesse et conférencière, Ronide Casséus avait inculqué des valeurs profondes à son fils. L’aspect communautaire et le désir d’aider son prochain avaient toujours été au centre de leurs vies.

«C’était un passionné de hockey, il connaissait tout du hockey. Quand il jouait dans des ligues à Montréal, il avait subi du racisme. Pour faire la paix avec ça, il avait commencé à organiser une ligue pour les enfants défavorisés. Il avait ramassé plein de matériel et voulait rendre ce sport coûteux accessible à tous», raconte-t-elle.
La nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans la communauté de Montréal-Nord et des environs jeudi matin.
«C’était un exemple de personne dévouée à améliorer le sort de Montréal-Nord, de faire en sorte que les jeunes ont un avenir et ne se retrouvent pas dans la rue, souligne Alexandre Jean-Richard, un grand ami de la victime. [Jayson et sa mère] ont sauvé beaucoup de jeunes, comme moi. J’ai grandi avec eux.»
Ironiquement, Jayson Colin dénonçait lui-même la violence par arme à feu, un fléau qui perdure à Montréal depuis les dernières années.
«On a souvent participé ensemble à des rencontres organisées par des organismes où on discutait notamment de profilage racial, mais aussi de la violence armée, se souvient Sacha-Wilky Merazil, qui a connu la victime lors d’une activité de nettoyage de graffitis il y a plusieurs années. Il a grandi dans ce genre d’événement, il a vu ses parents contribuer à une vie démocratique et communautaire toute sa vie.»
12 jeunes assassinés
Jayson Colin est finalement devenu le 12e jeune âgé entre 16 et 30 ans à être victime d’un meurtre depuis le début de l’année au Québec.
«C’est une grosse perte, c’est vraiment difficile, lance Mike Etienne, un autre ami. Il n’a jamais été impliqué dans des histoires de gangs, c’était un gars tranquille et à ses affaires qui évitait les problèmes. Tout le monde le respectait et l’aimait.»
En plus de n’avoir aucun antécédent judiciaire, la victime n’était pas connue des milieux policiers.
– Avec Claudia Berthiaume
CE QU’ILS ONT DIT
«Jayson c’était un rayon de soleil. Il se tenait avec des gens corrects, des gens qui parlaient d’affaires ou qui avaient de beaux projets comme lui. Il n’a rien à voir avec cette violence et il en a payé de sa vie. C’est épouvantable.»
– Ronide Casséus, mère de la victime
«Ça aurait vraiment pu arriver à n’importe qui. J’animais un événement de basketball à cet endroit il y a quelques jours et des gens ont préféré ne pas venir par crainte de balles perdues. On sent la peur et les tensions ici.»
– Sacha-Wilky Merazil, ami de la victime
«Jayson était un jeune homme dévoué, engagé dans mille et un projets, impliqué dans l’arrondissement et d’une gentillesse sans pareille. Comme plusieurs autres jeunes de notre arrondissement, il faisait preuve d’une grande résilience. Le choc est grand pour Montréal-Nord.»
– Christine Black, mairesse de Montréal-Nord, sur sa page Facebook
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