Pierre Poilievre, en retrait de Tucker Carlson et de Danielle Smith

Raphaël Pirro
De passage en Alberta pour «libérer le Canada» cette semaine, la vedette de la droite américaine Tucker Carlson a partagé la scène avec la première ministre Danielle Smith. Une grande messe que Pierre Poilievre a soigneusement évitée, remarque un expert.
L’ancien présentateur-vedette de Fox News est une des voix les plus influentes de la droite américaine, mais aussi une des plus controversées. Il a lancé au public qui voulait bien l’entendre que Justin Trudeau est un «fasciste» qui «vous déteste» et que «tous vos médias sont contrôlés par l’État».
Contrairement à Danielle Smith, Pierre Poilievre n’est pas «tombé dans le panneau», analyse Frédéric Boily, politologue à l’Université de l’Alberta.
«Avec les conséquences que ça a sur le discours national contre les conservateurs fédéraux, ça ne me surprend pas que Pierre Poilievre reste plus loin de tout ça. Il y a d’autres moyens d’aller chercher les conservateurs un peu plus à droite.»
M. Poilievre ne s’est pas présenté sur place, n’a pas commenté cette visite, bref, s’est tenu loin de la chose comme de la peste.
Il s’agissait probablement d’un choix judicieux: en pleine journée de caucus national jeudi, une brochette de ministres libéraux se sont saisis de l’événement et ont préparé une sortie pour dénoncer l’acoquinage d’une des figures de l’«extrême droite américaine» avec la première ministre conservatrice de l’Alberta.
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«On ne se demande plus si la politique d’extrême droite américaine va venir chez nous: elle est chez nous», a déclaré Pablo Rodriguez jeudi. Le lieutenant du Québec a d’ailleurs demandé à Pierre Poilievre de condamner des propos de Tucker Carlson.
«C’était télégraphié d’avance qu’on allait essayer d’associer Pierre Poilievre à cette droite américaine, surtout dans un contexte d’élection présidentielle. La visite de Tucker Carlson était l’occasion rêvée de le faire. Si les libéraux avaient voulu l’organiser, ils n’auraient pas fait mieux!» lance l’expert des mouvements conservateurs.
Mais comme il a refusé de jouer le jeu, les contrecoups du passage remarqué de la vedette au Canada resteront probablement confinés à l’intérieur des frontières albertaines.
Si les libéraux continuent de traîner de la patte dans les sondages, ils seront tentés de poursuivre cette stratégie.
«Ça donne des munitions aux libéraux pour essayer de déployer l’idée que les conservateurs albertains, qui représentent une partie du château fort des conservateurs fédéraux, sont des gens qui lorgnent du côté de la droite américaine, et de la droite américaine, on pourrait dire, peut-être la moins respectable», analyse M. Boily.
Celle qui pourrait écoper, c’est Danielle Smith. «On dirait qu’elle n’a pas pensé à l’ensemble des conséquences que ça pourrait avoir à l’extérieur de l’Alberta. On dirait qu’elle a pensé strictement en fonction des courants de la droite albertaine qui sont les plus radicaux.»
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