Une subvention de 89 millions $ à l’homme le plus riche de la planète
L’entente permettra de brancher 15 000 foyers trop isolés pour la fibre optique

Julien McEvoy
Dans sa quête de brancher tout le Québec à l’internet haute vitesse avant l’élection d’octobre, le gouvernement Legault va subventionner une entreprise du milliardaire américain Elon Musk à hauteur de 89 millions pour brancher environ 15 000 foyers.
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Ces foyers « orphelins » – les relier à la fibre optique serait trop cher pour l’instant – pourront bénéficier d’une connexion de 100 mégabits (Mbit/s) sans limites de téléchargement grâce aux satellites à basse orbite de Starlink, exploités par SpaceX, qui appartient au patron de Tesla.
« C’est la seule entreprise qui fait la job correctement. Ça revient à peu près à 5000 $ par foyer », explique Gilles Bélanger, l’adjoint parlementaire du premier ministre, volet internet haute vitesse, en entrevue.
La subvention a été octroyée le 4 mai dernier par décret et sans appel d’offres.
Les 50 premiers millions sont alloués au branchement de 10 000 foyers déjà identifiés comme orphelins. Les Québécois ainsi branchés n’auront pas à payer pour la trousse de départ et la soucoupe satellite, qui à elle seule vaut plus de 650 $.
Trente autres millions de dollars serviront à payer pour une « option » de 5000 foyers supplémentaires.
« C’est certain qu’on va utiliser l’option », avoue le député d’Orford.
Neuf millions $ sont aussi prévus afin que les nouveaux clients québécois de Starlink paient au maximum environ 90 $ par mois. Un forfait mensuel chez Starlink coûte plus de 120 $ avant taxes.
Déjà 1,3 milliard $ dépensés
L’enveloppe de 89 millions $ est valide pour trois ans, mais sera dépensée « d’ici la fin de l’année ». Le Québec devra renégocier avec Starlink ou un concurrent en 2025.
Les 15 000 foyers qui seront reliés aux satellites de l’excentrique Musk s’ajoutent aux 88 000 que Québec se targue d’avoir branchés à la haute vitesse depuis mars 2021.
À cette date, le Québec comptait encore 248 000 foyers non branchés, alors qu’aujourd’hui, c’est 160 000, avance M. Bélanger.
Le rythme actuel de branchements est de 30 000 par mois, assure-t-il.
Cette opération haute vitesse a déjà coûté 1,3 milliard $ aux contribuables jusqu’à maintenant, dont environ le tiers provient d’Ottawa.
« Impact majeur »
L’adjoint parlementaire du premier ministre assure toutefois que le jeu en vaut la chandelle.
Selon une étude commandée à la firme KPMG qui n’a toujours pas été rendue publique, le Québec aurait déjà gagné 5 milliards $ en productivité par année grâce à cette connectivité accrue.
« Ça aide les entreprises, mais aussi l’immigration en région, les salaires moyens en région augmentent », plaide M. Bélanger, qui parle aussi de « quelques centaines de millions de dollars » en recettes fiscales grâce à ces « meilleurs » emplois rendus possibles par la présence de la haute vitesse.
Au Québec, une connexion internet est considérée comme haute vitesse quand elle dépasse les 50 Mbit/s.
LE PACTE ENTRE QUÉBEC ET LA COMPAGNIE D’ELON MUSK POUR L’INTERNET HAUTE VITESSE
89 millions $ sur 3 ans
=
50 millions $ pour brancher 10 000 foyers
+
30 millions $ pour brancher 5000 foyers supplémentaires
+
9 millions $ pour offrir des tarifs à environ 90 $ par mois pendant 3 ans
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