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L'article provient de Bureau d'enquête

Montérégie: on a trouvé 29 pesticides différents dans la rivière Chibouet

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Photo portrait de Annabelle Blais

Annabelle Blais

2023-07-15T04:00:00Z
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La rivière Chibouet, en Montérégie, a mauvaise réputation. Difficile d’avoir bonne presse avec autant de données préoccupantes. 

Son IDEC le plus récent, un critère pour établir l’état de santé d’une rivière, est de 17 pour l’année 2019, ce qui en fait un cours d’eau en très mauvais état. En 2022, on y a détecté 29 pesticides différents. 

En 20 ans, seule l’année 2018 affichait un nombre aussi élevé (30). Selon le dernier rapport du ministère pour les années 2018-2020, la concentration d’au moins un pesticide dépassait le critère de vie aquatique chronique (CVAC) dans 96,7% des échantillons, en 2020. 

Cela signifie que, dans presque tous les échantillons, la concentration d’au moins un pesticide menaçait la vie aquatique.

La rivière Chibouet détient aussi le record de la concentration élevée de glyphosate, le fameux herbicide Roundup, enregistré à l’été 2015. Jamais une telle concentration pour ce pesticide (de 140 μg/L) n’avait été observée depuis le début du programme de suivi en 1992. Cette marque est demeurée inégalée depuis.

La rivière Chibouet est tributaire de la rivière Yamaska, dans la MRC des Maskoutains, en Montérégie, et son bassin versant draine les eaux des terres agricoles de Sainte-Hélène-de-Bagot et de Saint-Hugues. Sa superficie de terre agricole est importante, soit 68%, majoritairement du maïs et du soya.

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  • Écoutez la chronique faits divers d’Annabelle Blais, journaliste au Bureau d’enquête de Québecor, dans laquelle elle revient sur l'état lamentable de nos rivières via QUB radio :

«La rivière Yamaska est celle qui charrie le plus de sédiments dans le fleuve Saint-Laurent au Québec. Mais ça n’arrive pas juste de ses berges, ça arrive des rivières», explique Alexandre Joly, gestionnaire de projets agricoles pour l’OBV Yamaska. Et l’une de ces rivières est la Chibouet.

Rivière suivie de près

La rivière est toutefois suivie par le Comité de revitalisation de la rivière Chibouet et l’Organisme de bassin versant de la Yamaska. Une étude de caractérisation est en cours depuis l’automne.

L’objectif est de documenter la présence de bandes riveraines, une sorte de zone tampon végétalisée entre les champs et la rivière qui filtre les sédiments dans les eaux de ruissellement.

«Les actions ont commencé vers 2018-2019 pour améliorer les bandes riveraines et travailler des cultures de couverture pour éviter l’érosion dans les champs», explique Alexandre Joly.

Et chez vous?

«Il y a beaucoup d’activités qui visent à améliorer la rivière Chibouet qui sont encore méconnues parce que tout le monde parle juste de la pollution et pas des mesures qui sont prises pour essayer d’améliorer la situation», dit-il. D’ailleurs, selon M. Joly, le cas de cette rivière n’est pas unique. Les cours d’eau situés dans un contexte géographique similaire risquent fort d'être tout aussi pollués, dit-il.

– Avec la collaboration de Philippe Langlois

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