Une société danoise de compositeurs poursuit une plateforme de création par IA

AFP
La société danoise des créateurs de musique Koda a annoncé mardi poursuivre en justice la plateforme américaine Suno, qui génère de la musique par intelligence artificielle et qu'elle accuse de voler le répertoire de ses membres.
« Des preuves indiquent que Suno s'est entraîné sur des œuvres protégées par le droit d'auteur - y compris la musique d'artistes populaires comme Aqua, MØ et Christopher - sans autorisation, transparence, ni paiement », a expliqué Koda, qui rassemble 51.000 membres - compositeurs, auteurs et éditeurs de musique.
D'après l'organisme, aucune communication n'a été faite sur les musiques utilisées, la manière dont elles ont été mises à profit, et aucune rémunération n'a été versée.
En outre, les productions de Suno imitant des mélodies protégées entrent en concurrence directe avec les musiques exploitées, a-t-il souligné.
« Nous sommes enthousiastes vis-à-vis de ce qu'une IA responsable peut apporter à la musique », a déclaré le directeur général de Koda, Gorm Arildsen, cité dans un communiqué. « Mais l'innovation ne peut pas être construite sur des biens volés ».
À travers le monde, l'industrie musicale est engagée dans un bras de fer avec les entreprises de musique générée par IA, accusées d'un pillage massif d'œuvres protégées en violation des droits d'auteur, donc sans rémunérer les ayants droit des titres sur lesquels elles se sont entraînées.
La Recording Industry Association of America, organisation interprofessionnelle américaine, a intenté en juin 2024 une action en justice contre Suno et son concurrent Udio, sans réelle avancée pour le moment.
Des négociations ont été entamées en parallèle entre les trois majors - Universal, Warner et Sony - et ces entreprises. Universal et Udio ont signé le 30 octobre un accord avec Udio sur le lancement pour 2026 d'une plateforme de création musicale, alimentée par une technologie d'IA générative de pointe formée sur de la musique autorisée et sous-licence.
L'organisme danois appelle lui à une norme globale, qui assure le consentement des créateurs physiques de musique et permette leur rémunération de la part des entreprises utilisant de la musique protégée pour l'entraînement, ou la génération musicale.
Selon Koda, le développement de l'IA à son rythme actuel pourrait entrainer une perte de revenus de 28% pour l'industrie musicale danoise d'ici 2030.