Des centaines de mises à pied dans une scierie de Lanaudière à cause des tarifs


Olivier Faucher
Une scierie de Lanaudière a annoncé des centaines de mises à pied temporaires, notamment en raison de l’incertitude causée par une guerre tarifaire américaine qu’elle qualifie d’insoutenable.
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«On n’est pas capables d’anticiper les coûts. On a un vent de face qui est majeur et j’aime mieux faire une pause de deux ou trois mois, parce qu’il faut contrôler ce qu’on peut contrôler», explique au Journal Jean-François Champoux, PDG de la Scierie St-Michel, établie à Saint-Michel-des-Saints.
Son entreprise a annoncé vendredi la suspension de toutes ses opérations jusqu’au 13 octobre. Cette décision touche dès maintenant son usine de sciage et des opérations forestières et, à partir du 18 août, son usine de rabotage.
Plus de 250 personnes, soit la grande majorité des employés, se retrouveront au chômage. Selon M. Champoux, c’est un coup dur pour l’économie de la municipalité de 2500 habitants.
«Mes premières pensées vont aux travailleurs touchés et leurs familles. La hausse des tarifs sur le bois d’œuvre par le gouvernement américain et le contexte économique sont dommageables pour l’industrie forestière», a réagi samedi la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.
Clients peu confiants
Le PDG se dit frappé de plein fouet par les droits de douane américains sur le bois d’œuvre canadien que le président Donald Trump a fait passer de 7,6% à 20,56%.
Et cela, d’autant plus que le contexte général et de la guerre tarifaire et l’incertitude qu’elle crée font ralentir les ventes aux États-Unis.
«La confiance des Américains n’est pas à son meilleur niveau. Nos clients, comme Home Depot [ou] Canac, si tu veux leur vendre du bois et qu’ils ne savent pas s’il va y avoir une taxe demain matin, ils ne veulent pas la payer la taxe», fait valoir M. Champoux.
Enfin, les tensions avec les Premières Nations ont aussi contribué à cette annonce de la Scierie. La communauté de Manawan revendique des droits ancestraux sur divers territoires «depuis trois ans», ce qui ralentit l’attribution par le gouvernement des secteurs où l’industrie forestière peut opérer, ajoute M. Champoux.
«On se fait attribuer des secteurs au compte-gouttes et on n’est jamais capables de prévoir rien», dit M. Champoux.
Il espère que le projet de réforme du régime forestier du gouvernement provincial règlera cette question.
«J’invite aussi les Premières Nations à revenir à la table de discussion puisque le statu quo n’est plus possible et on doit continuer de trouver des solutions consensuelles. Il faut agir pour protéger nos travailleurs, nos entreprises et nos communautés forestières», a plaidé de son côté la ministre Blanchette Vézina.