Une ruse douteuse contre Poilievre

En tête dans les sondages, les libéraux de Mark Carney jouent avec le feu en usant de tactiques douteuses pour faire passer les conservateurs de Pierre Poilievre pour des trumpistes.

La CBC a rapporté que la semaine dernière, deux militants libéraux se sont introduits incognito dans un colloque annuel qui réunit à Ottawa des acteurs du mouvement conservateur.

Ils avaient en main des épinglettes qu’ils ont discrètement laissées à divers endroits sur le lieu de l’événement, qui portaient un infâme slogan trumpiste à l’origine du saccage du Capitole le 6 janvier.

Le slogan, « stop the steal », qui signifie « arrêter le vol », a été utilisé par les républicains dans leur campagne de désinformation massive afin de contester le résultat des élections présidentielles de 2020.

D’autres épinglettes suspectes auraient été retrouvées sur les lieux de la conférence. Certaines faisaient référence au mouvement indépendantiste albertain ou encore proposaient de jeter Justin Trudeau en prison, selon le Toronto Sun.

La tactique, peu subtile, vise sans aucun doute à diviser le mouvement conservateur et à le faire passer pour des MAGA en puissance.

La manœuvre est aussi toxique qu’inutile.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Selon les sondages, une bonne partie de la population croit déjà que le chef conservateur Pierre Poilievre ressemble un peu trop au milliardaire républicain.

Pourquoi en rajouter ?

Mais surtout, les partisans libéraux qui ont planté les épinglettes donnent l’impression de vouloir profiter un peu trop de cette crise dans la relation canado-américaine.

Déjà que Mark Carney trouve toutes les excuses possibles pour mettre sa campagne sur pause afin d’enfiler son habit de premier ministre.

C’est de bonne guerre, mais M. Carney ne fait pas que mettre sur pause sa campagne ; il n’a pris aucune question de journalistes pendant trois jours, de jeudi à hier.

Dans certains événements partisans conservateurs, certains militants remettent en doute les sondages qui placent les libéraux de Mark Carney devant.

Leur slogan, plaqué sur des banderoles et des chandails kangourou rappelle étrangement celui utilisé au sud de la frontière : « do you believe the polls? » ou « croyez-vous les sondages ? »

Les deux partis s’accuseront mutuellement d’importer au Canada un discours politique toxique, emprunté aux Américains. En s’abaissant ainsi, les libéraux minent leur crédibilité lorsqu’ils prétendent vouloir faire barrière à Trump.

Tout le monde en parle

Finalement, voici quelques observations sur le passage de Mark Carney et de Pierre Poilievre à Tout le monde en parle.

Les deux leaders se sont livré un match nul. M. Poilievre a admis s’ennuyer de Justin Trudeau et a présenté une version de lui-même beaucoup plus amicale, plus premier ministrable. M. Carney a quant à lui laissé entendre que M. Trudeau ne s’intéressait pas beaucoup à l’économie, contrairement à lui, dans un français passable.

Rendez-vous mercredi pour le match revanche, lors du débat en français.