Une première boutique spécialisée dans les boissons sans alcool au Québec
La boutique Apéro à zéro sur la Promenade Ontario à Montréal offre vin, gin, rhum, ou bière sans alcool


Louis-Philippe Messier
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Avez-vous une mauvaise opinion du vin sans alcool, pour en avoir essayé qui goûtait le jus de raisin assaisonné au vinaigre? Voilà la perception que la première boutique de bières, vins et spiritueux sans alcool au Québec s’évertue à changer, un client à la fois.
Chaque fois que j’ai mis les pieds dans la boutique Apéro à zéro sur la Promenade Ontario, à Hochelaga, j’ai trouvé quelqu’un au comptoir, le verre à la main, en train de humer et de siroter un vin ou un gin, un rhum ou une tequila.... sans alcool.
C’est une séance de dégustation permanente par ici!
- Écoutez l'entrevue avec Marilou Lapointe, copropriétaire d’Apéro à zéro à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :
«Tout le monde arrive ici avec des préjugés négatifs au sujet du vin sans alcool, c’est ma mission de leur faire découvrir des produits de qualité qui parviennent à garder l’esprit du vin, son astringence, ses tanins... mais sans l’alcool», m'explique la copropriétaire et fondatrice de la boutique, Marilou Lapointe.
«Il y a donc toujours, toujours un vin rouge et un vin blanc en dégustation ainsi que d’autres produits, comme des spiritueux.»
Quelque 200 produits se trouvent sur les tablettes d’Apéro à zéro, dont une quinzaine de vins.
«Je ne veux pas offrir le plus grand nombre de produits possible, mais seulement ceux dont je peux certifier la qualité.»
«Nous avons dégusté une cinquantaine de vins rouges, mais n’en avons choisi que trois, qui nous semblaient bons.»
Le bon vin désalcoolisé coûte souvent un peu plus cher que le vin normal, puisque l’étape qui consiste à enlever l’alcool impose un coût supplémentaire au producteur.
«Des gens sont surpris de voir des bouteilles dont le prix oscille autour de 30$, mais comme le vin a été fait dans les règles de l’art avant sa désalcoolisation, il a vraiment les caractéristiques gustatives désirables du vin.»
Je confirme: les vins que m'a fait déguster Mme Lapointe ont une complexité et des subtilités aromatiques sans commune mesure avec ce que j'ai déjà pu trouver au supermarché ou à la SAQ.

Tendance
Mme Lapointe a cessé totalement l’alcool il y a cinq ans et elle a été surprise et déçue de constater qu’il n’existait pas de boutiques spécialisées pour lui permettre de trouver de bons produits afin de se créer des cocktails vierges.
«J’ai été obligé de créer la boutique moi-même!», blague celle qui a lancé sa boutique en ligne il y a seulement deux ans et demi, avant d’ouvrir sa boutique physique il y a deux mois.
C’est pour l’instant la seule boutique du genre au Québec, mais il y en a à Vancouver et à Toronto.
Les affaires vont bien, s'enthousiasme Mme Lapointe, qui voyagera bientôt à New York, où la scène sans alcool est développée avec ses bars et ses boutiques.
«Le sans alcool, c’est une tendance qui s’affirme, puisque même la vallée de Napa, en Californie, produit maintenant des vins sans alcool.»
Ivresse placébo
Les gins, tequilas et bourbons sans alcool n'ont pas pour vocation d’être bus et dégustés seuls, ils sont plutôt conçus pour se substituer aux produits alcoolisés dans les cocktails.
«L’idéal, en fait, c’est de manger un bon repas avec les vins sans alcool, qui goûtent alors meilleur, je trouve!»
Dans un contexte social chaleureux, avec les amies et la nourriture, lorsque le vin sans alcool goûte vraiment le vin et qu’on en a un verre à la main, s’ensuit-il une sorte d’ivresse placébo?
«Oui! C’est quelque chose qui m’arrive souvent lors de soirées!», dit Mme Lapointe en riant.
