Une première au Canada pour diagnostiquer et traiter plus rapidement des maladies des vaisseaux sanguins
Un médecin montréalais a implanté les échographies du crâne pour les déceler et réduire les hospitalisations et visites à l'urgence


Hugo Duchaine
Un hôpital de Montréal offre un accès rapide pour diagnostiquer et traiter de rares et graves maladies des vaisseaux sanguins, une première au Canada, permettant de réduire les hospitalisations et les visites à l’urgence.
«Ce qui m’a interpellé, c’était le manque d’avancées médicales pour ces maladies», lance le spécialiste en médecine interne et chercheur, Jean-Paul Makhzoum, de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, à propos des vasculites.
Il s’agit de maladies auto-immunes, qui causent l’inflammation des artères. Sans une prise en charge rapide, les dommages peuvent être irréversibles.
Rien depuis 1900
Mais ni le dépistage ni les traitements pour ces maladies n’ont évolué depuis les années 1900, déplore l’interniste et aussi directeur de la clinique de vasculites à Sacré-Cœur.
La vasculite la plus fréquente est appelée artérite temporale et touche les vaisseaux sanguins dans le crâne. Traditionnellement, elle est diagnostiquée en faisant une biopsie d’une artère dans la tête.
Un processus qui nécessite une hospitalisation de plusieurs jours, en plus d’être fiable à peine une fois sur deux environ, dit le Dr Makhzoum. Avec son équipe, il a implanté l’échographie des artères temporales pour visualiser les vaisseaux et déceler la maladie.

C’est rapide et indolore. «Sans chirurgie, sans hospitalisation et ça prend de 15 à 20 minutes», fait-il valoir, promettant qu’une fois adressés par un médecin, les patients sont aussi vus en quelques jours.
Avec 650 patients par an, son équipe a notamment réduit de 60% les hospitalisations pour ces maladies et de moitié les visites à l’urgence.
Car sans une prise en charge rapide, l’inflammation dans les vaisseaux sanguins peut entraîner des AVC ou des dommages irréversibles aux organes touchés, comme une perte de la vue.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Marc Boilard, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
De mini chimios
Le Dr Makhzoum et son équipe mènent désormais des recherches pour améliorer les traitements et en découvrir de nouveaux. Puisqu’il s’agit de maladies auto-immunes, le traitement repose sur des médicaments qui endorment le système immunitaire.
«Ce sont comme de mini-chimiothérapies», explique l’interniste. Mais la maladie peut toujours revenir.
C’est ce qui est arrivé à Bernard Monette, âgé de 73 ans, qui a fait sept rechutes de l’artérite temporale en autant d’années.

Ce dernier avait passé toute une batterie de tests pendant six mois pour découvrir d’où provenaient ses maux de tête et sa fatigue chronique avant d’aboutir dans le bureau du Dr Makhzoum. Les premiers traitements contre sa vasculite l’ont fait rajeunir «de 20 ans». «J’étais vraiment dans un piteux état», dit-il.
Malgré la maladie qui revient, l’aîné se porte bien et espère un traitement définitif. «C’est un patient, patient avec moi», dit en riant son médecin.
Les vasculites, c’est quoi?
Ce sont des maladies auto-immunes des vaisseaux sanguins.
Il existe une vingtaine de vasculites différentes, mais la plus fréquente touche les artères du crâne.
La fatigue et des maux de tête sont les symptômes les plus courants.
La maladie survient plus fréquemment chez les personnes de 50 ans et plus.
Environ 6000 cas par an surviennent au Canada.
Elle est soignée avec des médicaments immunosuppresseurs.
Source: La clinique des vasculites de l'Hôpital du Sacré-Cœur