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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Une policière congédiée parce qu'elle «likait» des photos de la blonde d'un Hells Angels

Tanya Larivée a été congédiée en raison du «bris du lien de confiance» avec le Service de police de la Ville de Saint-Eustache, suite à plusieurs manquements découverts après un simple «like» sur une photo publiée par la conjointe d'un Hells Angels.
Tanya Larivée a été congédiée en raison du «bris du lien de confiance» avec le Service de police de la Ville de Saint-Eustache, suite à plusieurs manquements découverts après un simple «like» sur une photo publiée par la conjointe d'un Hells Angels. Photo tirée de Twitter
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Antoine Lacroix | Le Journal de Montréal

2022-10-26T21:16:15Z
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Une policière de Saint-Eustache pouvait bel et bien être congédiée pour avoir entretenu des liens avec des individus associés aux Hells Angels sur les réseaux sociaux, a tranché le tribunal d'arbitrage.

«[Elle] a fait preuve d’une réelle insouciance équivalant à un manque flagrant de jugement. La prudence la plus élémentaire aurait dû l’amener à faire le tri dans ses contacts Facebook et à ne plus alimenter ceux de toute évidence compromettants, à partir du moment où elle devient policière», a souligné l'arbitre Andrée St-Georges, dans une récente décision.

La policière Tanya Larivée a été congédiée en octobre 2019 en raison du «bris du lien de confiance nécessaire à la fonction de policière» avec son employeur, pour plusieurs motifs, dont le fait qu'elle était amie sur Facebook avec la conjointe d'un Hells Angels.

La chute de la policière s'est amorcée en avril 2019, alors qu'elle était prêtée pendant deux mois au Service de police de la Ville de Laval pour le «Projet X», une opération de collecte de renseignements sur les endroits fréquentés par des personnes qui gravitent autour du crime organisé.

Des «likes» problématiques

Le 4 avril, alors accompagnée de collègues, elle croise une connaissance avec qui elle avait déjà travaillée dans un bar. Elle indique aux autres policiers que la femme est en couple avec un «gros bandit». Il s'agit alors de la conjointe de Michel Lamontagne, aujourd'hui un membre en règle des Hells du chapitre de Montréal.

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Le Hells Angels Michel Lamontagne lors du mariage de l'influent Hells Angels Martin Robert et Annie Arbic, le 1er décembre 2018.
Le Hells Angels Michel Lamontagne lors du mariage de l'influent Hells Angels Martin Robert et Annie Arbic, le 1er décembre 2018. Photo d'archives, Agence QMI

«Elle la connaissait même suffisamment pour être demeurée son amie Facebook [...], au point de pouvoir recourir à cet outil pour effectuer une enquête sur elle. Au point aussi de "liker" de ses photos contemporaines affichant notamment Michel Lamontagne, son conjoint, alors "hang around" chez les Hells Angels, à l’instar d’autres personnes liées au milieu criminalisé. N’oublions pas que pendant tout ce temps, elle est policière au SPVSE», s'est étonnée l'arbitre.

La femme en question était l'une des dix femmes d’honneur lors du mariage très couru d'Annie Arbic, en décembre 2018, fille d’une narcotrafiquante de Kanesatake, Sharon Simon. Elle épousait alors Martin Robert un membre « full patch » et un des plus influents Hells Angels du Québec.

Cette photo a été publiée sur Facebook de la conjointe du Hells Angels Michel Lamontagne, au lendemain du mariage de Annie Arbic et Martin Robert.
Cette photo a été publiée sur Facebook de la conjointe du Hells Angels Michel Lamontagne, au lendemain du mariage de Annie Arbic et Martin Robert. Photo tirée de Facebook

Une photo de l'événement était bien en vue sur le profil Facebook de l'amie de la policière, lorsque cette dernière a «liké» une photo de famille, où apparaissait Lamontagne, dont le visage était masqué par un émoji.Préoccupée, la police de Laval n'a plus voulu de la policière Larivée dans son escouade du Projet X et une enquête s'est amorcée.

Trouvailles troublantes

La police de Saint-Eustache a alors mis en congé avec solde son agente, le temps de procéder à une enquête, qui ont mené à des trouvailles troublantes.

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Le service a notamment appris qu'elle avait tenté de se «procurer des produits masquants afin de pouvoir être admise en techniques policières en vue de camoufler [sa] consommation de drogues», peut-on lire dans la décision.

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En effet, dans le cadre d'une de ses enquêtes, la Sûreté du Québec avait intercepté une communication de l'ancienne policière avec un trafiquant dans le but d'acheter du speed et du clenbutérol, une sorte de stéroïde et des produits pour masquer la consommation de drogues. 

Également, durant les audiences au tribunal d'arbitrage, il a été révélé que par le passé, la candidature de Tanya Larivée avait été refusée à la police de Montréal ainsi que celle de Laval, «pour des motifs de sécurité [...] soit le fait qu’elle entretienne des liens avec des personnes criminalisées bien qu’elle ait omis de le déclarer dans sa demande d’emploi», lit-on.

Également, elle avait omis de déclarer qu'elle obtenait un revenu en étant entraineuse physique. «L’employeur avait de sérieux motifs pour mettre un terme à l’emploi de la plaignante. Il a réussi à en faire la preuve ainsi qu’à démontrer que les fautes révélées ont eu pour effet d’entraîner une irrémédiable rupture du lien de confiance, et ce, à l’égard d’une policière de qui l’on doit s’attendre en tout temps à une probité exemplaire. Ainsi le commande la nature même de la fonction», a conclu l'arbitre Andrée St-Georges. 

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Les critères d'embauche ont changé depuis

Pour ne pas avoir de mauvaises surprises, la manière de procéder à l'embauche d'agents à la police de Saint-Eustache a été modifiée depuis le congédiement de la policière, notamment avec des questionnaires bien plus exhaustifs.

«Dans l’optique de resserrer les critères en matière de sécurité, ledit formulaire est maintenant beaucoup plus élaboré. Il contient une vingtaine de pages incluant des questions sur les habitudes de jeu, la consommation de drogue ou d’alcool et les fréquentations douteuses, bref une série de questions très personnelles», peut-on lire dans la décision de l'arbitre Andrée St-Georges.

À l'époque de l'embauche de la policière, en 2017, le processus se résumait par le tri des CV, l'analyse des formulaires complétés par les candidats, l'entrevues de sélection avec des tests psychométrique et médical, ainsi qu'une enquête de sécurité effectuée sur les candidats et leur famille.

Depuis, le Service de police de la Ville de Saint-Eustache a aussi ajouté un test polygraphique et un test de dépistage.

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