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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Une sénatrice conservatrice lance une pétition pour déloger Erin O’Toole

Erin O’Toole
Erin O’Toole Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Raphaël Pirro

2021-11-15T19:28:09Z
2021-11-15T23:04:48Z
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Une sénatrice conservatrice de la Saskatchewan a lancé une pétition pour remplacer l’actuel chef des conservateurs, Erin O’Toole, qu’elle accuse de «créer un fossé» au sein du parti. La même chose pourrait se produire pour le premier ministre conservateur de l’Alberta, et ce, dès vendredi.

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Denise Batters, qui a participé à la fusion entre l’Alliance canadienne et le Parti progressiste-conservateur du Canada en 2003, a posé un dur constat sur le leadership de M. O’Toole dans une vidéo publiée lundi sur les réseaux sociaux.

«Sous la direction d’Erin O’Toole, un fossé se creuse dans notre parti. Il nous a dit que “le Parti conservateur n’est pas le parti de votre grand-père” et il a averti les députés faisant campagne qu’ils devaient être d’accord à 100% avec sa “nouvelle direction” – qui change constamment – ou bien quitter le caucus», a lancé celle qui souhaite un examen sur son leadership d’ici la fin juin.

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La sénatrice Batters reproche au leader d’avoir «dilué ou même complètement inversé nos positions politiques sans consulter les membres du parti ou du caucus».

Ce sont surtout les positions de M. O’Toole sur la taxe carbone, l’accès aux armes à feu et la «liberté de conscience» – autrement dit l’accès à l’avortement –, qui ont déçu Mme Batters.

Le chef conservateur a effectivement opéré un changement de cap pour le Parti conservateur (PC). Lors de la campagne, il a présenté un plan pour l’environnement et une plateforme riche en propositions coûteuses.

Or, plusieurs conservateurs ont remarqué un contraste entre le Erin O’Toole de la course à la chefferie et le Erin O’Toole des élections générales.

«Il a remporté la course à la chefferie en prétendant être un “vrai bleu” (“true blue”), mais a mené une campagne quasi identique à celle des libéraux de Trudeau», a déploré Mme Batters.

Celle-ci souligne que les résultats décevants des conservateurs étaient dus aux volte-face de leur chef, forgeant ainsi une image «indigne de confiance» aux électeurs.

«Au nom de militants et de membres conservateurs d’un océan à l’autre, nous avons lancé cette pétition parce que nous ne voulons pas voir ce parti se déchirer de nouveau. Lorsque nous sommes divisés, les libéraux gagnent», a dit Mme Batters.

  • Écoutez Jean-François Lisée et Thomas Mulcair au micro de Richard Martineau sur QUB radio :

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Des conservateurs à la rescousse d’O’Toole

Plusieurs conservateurs ont tôt fait de prendre publiquement la défense de leur chef.

«J’invite la sénatrice Batters à se concentrer sur les enjeux qui touchent les Canadiens. Les seuls gagnants de sa démarche sont les libéraux de Justin Trudeau», a déclaré le leader parlementaire du PC, Gérard Deltell.

«La sénatrice Batters, que je respecte beaucoup, devrait retirer sa pétition ou se retirer du caucus, si elle n’est pas prête à travailler en équipe contre notre seul adversaire: Justin Trudeau», a affirmé pour sa part Luc Berthold, élu dans Mégantic-L'Érable.

Une députée conservatrice bien en vue, Michelle Rempel Garner, a aussi pris la défense de son chef, se disant «profondément déçue» de la sortie de la sénatrice.

«Tous les Canadiens auront les yeux rivés sur cette question pendant un mois au lieu de s’intéresser à ce que nous faisons à la Chambre. Je demande à mon collègue de retirer cette pétition, de l’examiner en caucus et, pour le bien du Canada, de laisser les députés se remettre au travail», a-t-elle fait savoir dans un tweet.

Même le président du PC, Robert Batherson, a servi une rebuffade à la sénatrice Batters et à son initiative. Dans une déclaration publique, il précise que la question contenue dans le document contrevenait à trois articles de la constitution du parti, et qu’une simple pétition n’est pas recevable comme moyen de lancer un examen du leadership.

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Kenney dans l’eau chaude

Au même moment, une autre figure du conservatisme au Canada pourrait se faire montrer la porte.

Jason Kenney, premier ministre de l’Alberta, a vu sa popularité chuter brutalement dans la dernière année principalement en raison de sa gestion de la pandémie.

Face à la situation, plus du quart des associations de comptés du United Conservative Party ont voté en faveur d’une motion pour procéder à un examen de son leadership dans les trois prochains mois, alors que la procédure devait initialement se tenir en avril 2022.

La gestion de la COVID-19 dans la province des Prairies fut l’une des moins concluantes. La décision cet été d’enrayer complètement les mesures sanitaires pour «revenir à la normale» a mené à une explosion des cas, et l’armée a dû être appelée en renfort de toute urgence pour prêter main-forte aux hôpitaux et aux CHSLD de la province.

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