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L'article provient de TVA Sports
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«Une petite fille de 11 ans qui pleure tout le long du chemin, est-ce normal?»: voici certains de vos témoignages sur notre hockey mineur

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Photo portrait de Alexandre Picard

Alexandre Picard

2024-05-23T04:00:00Z
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La semaine dernière, je vous ai dit que j’avais reçu une centaine de témoignages à la suite de ma chronique «Notre hockey mineur presque incurable», que vous pouvez lire ici. Des histoires d’athlètes, de parents, d’entraîneurs qui, par dizaines, se reconnaissaient dans celle de mon garçon et dans le triste constat que j’ai posé sur notre système.

Certains m’ont donné la permission de les publier, de façon anonyme. Vous retrouverez leurs messages ci-bas.

L’un de points troublants que je constate, à nouveau, c’est que plusieurs d’entre eux ne veulent pas en parler aux responsables de la structure dans laquelle ils (ou leur jeune) évoluent, par crainte de représailles. Ils pensent qu’encore une fois, les entraîneurs vont s’en tirer.

Comment Hockey Québec et le RSEQ travailleront-ils sur ces enjeux, cet été, avec leurs intervenants? C’est ce qui sera intéressant à suivre.

*Note de la rédaction: certains témoignages ont été légèrement édités par souci de clarté.

Il aurait entendu des menaces de mort d’un coach et une mère qui aurait été traitée de «mal baisée»

«Mon jeune évolue dans le hockey scolaire, mais j’ai moi aussi constaté des choses terribles. Des menaces de mort d’un coach envers un jeune, un entraîneur complètement saoul qui peut dire des choses comme «c’est une mère mal baisée», un père qui, durant le passage de la zamboni, prend son fils au collet et l’accote violemment dans le mur devant ses coéquipiers car il est insatisfait.

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«J’ai également été témoin d’un entraîneur qui fait changer les points sur la feuille de pointage pour augmenter la valeur de certains joueurs qui veulent tenter leur chance dans le midget AAA, mais qui ne le fait pas pour tous les jeunes. Ou encore un coach qui dit “ta gueule” sur le banc à un jeune!»

Il y aurait eu des manquements graves, mais sa plainte serait tombée entre les craques

«Le commissaire aux plaintes a confirmé que l’histoire de mon gars relevait de manquements graves au code de conduite de l’entraîneur, mais Hockey Québec n’en a rien eu à faire. Ma plainte est tombée dans une craque. Et ce coach se promène encore dans les arénas, nous imposant ses cris dirigés vers son gars, à qui les joueurs de l’équipe étaient obligés cette année de donner la rondelle. Je dois dire que j’ai perdu confiance dans la structure de plaintes associée au hockey mineur.»

Il n’aurait pas les mains ni le patin... à 12 ans

«Un gars qui joue au hockey avec mon plus vieux s'est fait couper du pee-wee AAA deuxième année. Il s'est fait dire par son coach qu'il n'avait pas de mains, pas de coup de patin et que ce n'était pas un joueur élite... Il a 12 ans.»

Le coach aurait dit qu’il savait que ç’avait été difficile pour son garçon, mais qu’il voulait gagner

«À notre deuxième match, mon garçon a été “benché” en troisième période alors qu'il restait plus de huit minutes à jouer. La prolongation s'en suit, il est encore maintenu sur le banc. Et encore lors des tirs de barrage... Après plus de 12 minutes assis sur le banc, son équipement était rendu sec. À sa sortie, il nous annonce en pleurs que le coach lui a dit être conscient que ç’avait été difficile pour lui, car il l'a vu complètement démoli sur le banc, mais qu’il avait pris cette décision car il voulait gagner.»

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Des parents qui seraient aussi «complètement débiles»

«Oui, il y a des coachs un peu fous, mais après six ans en tant qu'entraîneur, je peux dire honnêtement que certains parents sont aussi complètement débiles. J’ai arrêté de coacher au milieu de la saison de hockey de printemps, car les valeurs et le langage de la chambre, ce n’était pas pour moi. Je suis du genre à prioriser l’humain avant les statistiques et je me suis fait tasser. Tasser par qui? Par les parents. Ils veulent la victoire à tout prix et ce n’est pas dans mes valeurs.»

Un comportement qui a encore des répercussions plusieurs années plus tard

«Quand j'étais jeune, j'ai voulu faire du sport, faire partie d'une équipe pour bouger et m'amuser. Mais que veux-tu: même si j’ai un excellent esprit d’équipe, j'apprenais moins vite, j'étais moins bonne. J'ai compris rapidement qu'on ne me voulait pas dans l'équipe et j'ai fini par arrêter d'en faire. Encore aujourd’hui je me sens souvent mal de pratiquer des sports d'équipe à cause de ça. Parce que je ne performe pas. Ce genre de comportement à des répercussions.»

À 11 ans, elle aurait pleuré tout le long du chemin du retour

«Une petite fille de 11 ans qui pleure tout le long du chemin du retour en voiture parce qu’elle ne comprend pas pourquoi elle a “benchée” pendant 10 minutes en fin de partie, est-ce que c’est normal?»

Comme être forcé de regarder un manège à Disney World sans pouvoir embarquer dedans

«Mon fils a eu la chance de vivre l’expérience d’être gardien aux Jeux du Québec. Mais ce ne fut pas l’expérience à laquelle il s’attendait. Pendant cinq matchs, il est demeuré assis sur le banc en espérant que ce soit enfin à son tour, ce qui lui avait été promis après chacune des rencontres. Comme parent, j’ai passé cinq jours à l’hôtel, pour assister à ce qui devait être la réalisation de son plus grand rêve. L’expérience nous aura aussi coûté 250$ pour le camp de sélection, 300$ pour l’achat [obligatoire] de vêtements aux couleurs de l’équipe. Ce furent cinq jours à voir la déception dans ses yeux.

«Mais il est resté positif, il a gardé la tête haute, n’a fait aucun commentaire négatif. Ç’a été un gars d’équipe, qui a encouragé ses coéquipiers du bout du banc. Ils ont gagné la médaille d’or, mais les quatre entraîneurs n’ont pas réalisé l’impact qu’ont eu leurs choix sur un garçon de 14 ans.

«J’ai une comparaison qui me vient en tête: j’emmène une équipe de hockey à Disney World. Tous les joueurs peuvent faire des manèges à volonté. Mais pendant qu’ils font la file d’attente, qu’ils sont fébriles, qu’ils ont du plaisir avec leurs chums, j’en choisis un. Et quand vient le moment d’embarquer dans le manège, je l’asseoie sur un banc à l’extérieur et je lui fais regarder tous ses amis qui ont du plaisir.»

- Avec la collaboration de Jessica Lapinski

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