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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Pénurie de pharmaciens dans les salles d’urgence et les CHSLD

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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2021-12-10T05:00:00Z
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Plus de la moitié des salles d’urgence et 40% des CHSLD sont sans pharmacien; une pénurie qui dure depuis des années, alors que les pharmaciens d’établissement déplorent se buter à «un mur» au gouvernement.  

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Même s’ils sont moins connus que ceux qui travaillent dans les grandes bannières, des pharmaciens sont aussi présents dans les hôpitaux et les CHSLD, et sont responsables de la médication des patients qui y sont admis. Or, le réseau de la santé dénombre 280 postes vacants dans la dernière année. 

C’est près d’un poste sur cinq, selon l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), pour qui la pénurie est grave:      

  • 53% des salles d’urgence sont sans soins pharmaceutiques.      
  • 39% des CHSLD n’ont pas de soins pharmaceutiques.           

«Ce sont seulement les postes vacants existants, ça ne tient pas compte des besoins à venir», illustre la directrice générale de l’APES, Linda Vaillant, qui cite notamment le vieillissement de la population. La province compte environ 1600 pharmaciens d’établissement à temps plein. 

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La directrice générale de l’Association des pharmaciens en établissements de santé du Québec (APES), Linda Vaillant
La directrice générale de l’Association des pharmaciens en établissements de santé du Québec (APES), Linda Vaillant Photo Courtoisie

Trois par jour

Déjà, les établissements doivent faire appel à des pharmaciens «dépanneurs» pour combler les trous. Selon une enquête de l’APES menée l’an dernier auprès de départements de pharmacie du Québec, la région des Laurentides a fait appel à des «dépanneurs» 1331 jours. 

C’est une moyenne de plus de trois pharmaciens par jour. La moyenne est aussi de plus de deux par jour en Montérégie (962). 

Et ce sont les patients qui font les frais de la pénurie. Que ce soit dans les délais pour recevoir des traitements à l’hôpital, prolongeant le séjour, ou les délais d’attente. En CHSLD, Linda Vaillant souligne que les pharmaciens n’ont plus le temps de réviser les prescriptions des résidants pour vérifier, notamment, si des médicaments sont pris en trop. 

  • Écoutez le résumé des actualités avec Alexandre Dubé sur QUB radio : 

Salaire «temporaire»

Actuellement en négociations avec le gouvernement pour renouveler leur entente salariale, les pharmaciens d’établissement s’impatientent, estimant qu’une mesure-clé contre la pénurie est ignorée. 

Ils souhaitent que le gouvernement reconnaisse de façon permanente plusieurs primes dites «temporaires», mais dont certaines sont en vigueur depuis plus de 10 ans. Elles visent, notamment, à contrer la pénurie qui sévit. 

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Par exemple, les pharmaciens qui s’installent en région peuvent compter sur un montant de plus. Une prime indemnise aussi les pharmaciens dont la semaine de travail est passée de 36,25 heures à 40 heures, encore une fois à cause du manque de main-d’œuvre. 

Au total, ces primes peuvent constituer de 20% à 50% du salaire d’un pharmacien. Mais elles sont constamment menacées de disparition. Depuis 2020, l’APES soutient avoir renégocié trois fois pour les garder. «Chaque fois, c’est un branle-bas de combat», déclare-t-elle. 

Mme Vaillant soutient qu’il devient impossible d’attirer un jeune pour qu'il fasse deux années d’études supplémentaires pour devenir pharmacien d’établissement, si la moitié de son salaire risque constamment de lui filer entre les doigts. 

«Si les jeunes se tournent vers la pharmacie de quartier, personne ne va leur annoncer qu’ils ont un salaire temporaire», dit-elle, ajoutant que le salaire est plus élevé au privé. 

Mais l’APES souligne qu’elle ne réclame pas une augmentation pour ses membres. «Juste que ce qui est déjà versé fasse partie d’un vrai salaire», précise Mme Vaillant. 

En action

Le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, précise quant à lui qu’outre la négociation, il est «déjà en action pour attirer davantage de main-d’œuvre en pharmacie et valoriser leur profession.» 

Il dit travailler à former des techniciens pour libérer des tâches administratives et à offrir des bourses pour la maîtrise. 

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