Une passion pour la pêche qui fait mouche

Valerie Lesage
Il y a 10 ans, Fred Campbell était fou. Enfin, c’est ce qu’on lui disait quand il investissait temps, argent et énergie à bâtir une marque et une culture autour de la pêche et de la chasse. Intéresser Mathieu, 22 ans, à ces activités ? Personne n’y croyait sauf lui.
« On est parti de rien. Il n’y avait pas vraiment de communauté, et là, les rivières sont remplies de jeunes », observe celui dont la marque Hooké atteint 7 millions d’impressions par mois sur Facebook, en majorité des gens de 25 à 45 ans.
Plus jeune, Fred était un adepte du snowboard. Un mode de vie y est rattaché : vidéos, exploits, vêtements, communauté. La carrière d’athlète du jeune homme a été brisée par un accident d’auto. Mais plutôt que de s’apitoyer, il s’est tourné vers d’autres passions et il a vu une occasion d’affaires par hasard.
Créer une marque de commerce
Celui qui a été initié à la pêche par sa mère à l’âge de trois ans a filmé une aventure dans une fosse à saumons gaspésienne et la vidéo est devenue virale sur les médias sociaux.
À ce moment, Fred avait une boîte de production, alors il a cherché à joindre les films à sa passion du plein air. Il admet avoir siphonné les fonds de son entreprise pour créer sa marque Hooké.
Comment tirer profit de la visibilité de ses aventures en nature sur les médias sociaux ? Ça passerait par des vêtements de plein air de qualité, durables. Il a quand même fallu des années d’efforts pour que ça devienne profitable.
« Mais je n’ai jamais été motivé par l’argent. Je voulais bien faire, laisser une trace positive pour la nature. Si j’étais resté pauvre et que j’avais réussi à changer des mentalités, je serais heureux aussi », raconte Fred.
De dire ça au moment où l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires en deux ans et qu’elle prévoit en faire autant dans les deux prochaines années paraît romantique. Mais à l’évidence, le gars suit son plaisir et s’il avait juste voulu s’enrichir, il n’aurait probablement pas pris le risque de vider les coffres de son autre entreprise pour donner vie à Hooké.
Le voilà maintenant en plein paradoxe : le succès amène de la visibilité et beaucoup de gens autour de lui, alors qu’il aime le calme et la nature, en retrait.
« Mais, je trouve beau d’avoir réussi à unir des gens autour d’une passion. Quand on fait des événements, on a des groupes très diversifiés et on voit les jeunes parler avec les vieux », remarque-t-il.
Intéresser les jeunes
Chasse et pêche font partie des traditions de notre pays, y intéresser les jeunes, par les histoires des personnes plus expérimentées, permet la transmission d’un savoir-faire et d’un savoir-être en nature. Avec Jean-Martin Fortier, Fred va répliquer son modèle d’affaires autour de l’agriculture à petite échelle. Growers and Co. a été planifiée avant la pandémie, mais voilà que tant le plein air que le jardinage ont été favorisés par elle.
Fred, dont les parents ont grandi à la ferme, presque en autosuffisance, invite à un retour aux sources de ce peuple du Québec, par la pêche, la chasse et l’agriculture.
Et quand je regarde le monde fou dans lequel on vit aujourd’hui, sur fond de guerre tragique, je me dis que ça prend plus de Fred et de Jean-Martin pour créer du bien-être en nous reconnectant à ce qui fait le merveilleux de nos vies : la nature et le partage.
Hooké
- Année de fondation : 2012
- Fondateur : Fred Campbell
- Lieu du siège social : Québec
- Secteur d’activités : Vêtements, plein air
- Nombre d’employés : 18
PROFIL DE FRED CAMPBELL
- Poste : Fondateur
- Âge : 40 ans
- Formation : Administration et marketing, Collège St. Lawrence