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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Une nouvelle mairesse dans l’«enfer» de Gatineau

Photo fournie par ACTION GATINEAU
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2024-06-29T04:00:00Z
2024-06-29T04:05:00Z
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Même si sa prédécesseure, France Bélisle, a démissionné en dépeignant la politique municipale comme un enfer, Maude Marquis-Bissonnette a plongé sans hésiter pour la remplacer à la mairie de Gatineau.

«Je suis prête à en prendre», lance au bout du fil, avec un brin de défiance, Mme Marquis-Bissonnette (MMB), jeune politicienne (35 ans) et cheffe d’Action Gatineau élue mairesse le 9 juin.

Bien sûr, elle souhaite des débats dans le respect: «Faut qu’on soit capable de se parler.» Mais les esprits s’échauffent rapidement dans notre ère de polarisation post-pandémique numérique.

Commotion

Le départ de Bélisle, en février, avait déclenché une réflexion panique sur les vicissitudes de la politique municipale. Depuis l’élection de 2021, quelque 10% des élus ont jeté l’éponge.

L’Assemblée nationale a même adopté, début juin, la loi 57, visant à les «protéger» et à «favoriser l’exercice sans entraves de leurs fonctions».

Dans une première version de la loi, sous couvert de protéger nos élus, on mettait à risque la liberté d’expression. Des correctifs ont été apportés pour éviter que toute question un peu insistante soit qualifiée de «comportement abusif».

Compétence

Que Mme Marquis-Bissonnette ait choisi de revenir en politique (élue conseillère municipale en 2017, elle avait perdu la mairie en 2021) doit être vu comme une preuve que cet univers, malgré tout, peut encore attirer des personnes compétentes.

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Détentrice d’un doctorat, Mme Marquis-Bissonnette était, avant son élection, professeure à l’École nationale d’administration publique. Elle correspond donc au profil de cette nouvelle génération de politiciens jeunes et diplômés qui émergea en 2021.

Immigration

Sa spécialité est plutôt d’actualité par les temps qui courent: la gestion, par les villes, du dossier de l’immigration. Dans ses recherches, elle a comparé la gestion du dossier au Québec et dans le reste du Canada (ROC).

Selon elle, Québec est davantage jaloux de sa compétence par rapport aux autres provinces; pour de bonnes raisons, «parce qu’on veut construire la nation», dit-elle. En 1991, il a obtenu des responsabilités (et des budgets) uniques dans notre dominion, avec l’entente Gagnon-Tremblay–McDougall.

Cela a engendré un réflexe paradoxal, déplore MMB: centraliser excessivement le dossier autour du ministère de l’Immigration à Québec. L’expertise des municipalités, qui se trouvent sur la ligne de front, est donc négligée.

Dans le ROC, soutient-elle, les gouvernements des provinces et leurs municipalités font évoluer plus rapidement les rapports entre les villes et les gouvernements en fonction des mutations de phénomène.

Par exemple, en 1991, lorsque l’accord Québec-Ottawa est signé, le phénomène de l’immigration temporaire n’existait à peu près pas, alors qu’on l’a vu exploser ces dernières années.

Y a-t-il trop d’immigrants temporaires aujourd’hui? À cette question, MMB qui, adolescente, a évolué dans l’équipe de plongeon du Rouge et Or de l’Université Laval, opte pour un double salto arrière: «Comme mairesse, ce n’est pas à moi de répondre à ça, ça dépasse la compétence de la Ville.»

Gageons qu’on n’a pas fini d’entendre parler de cette politicienne semblant à la fois fonceuse, documentée et stratégique.

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