Une nouvelle espèce de tique préoccupante établie au Québec pour de bon d’ici quelques années?
La tique étoilée d'Amérique a été aperçue à cinq reprises au sud du Québec


Mathieu-Robert Sauvé
Le printemps ramène les éclosions de tiques qui préoccupent de plus en plus des experts de la santé publique dont une qui pourrait s'établir pour de bon au Québec dans les prochaines années.
«Nous suivons de près la progression des espèces de tiques », assure la biologiste Karine Thivierge, responsable clinique de la biologie médicale au Laboratoire de santé publique du Québec.
En plus de la tique à pattes noires, bien établie au Québec, on craint l’entrée de la tique étoilée d’Amérique, une espèce qui transmet différentes bactéries responsables de maladies comme la tularémie, qui peut causer des problèmes cutanés, digestifs ou respiratoires ainsi que l’ehrlichiose, une infection responsable de fièvre, de frissons, de douleurs musculaires et de maux de tête.
«Le réchauffement climatique favorise des espèces qu’on ne voyait pas autrefois au Québec. Ou si elles étaient présentes, elles ne posaient pas de problème pour la santé humaine», explique la vétérinaire Catherine Bouchard, épidémiologiste à l’Agence de la santé publique du Canada.
Elle s’en vient
La tique étoilée a été formellement identifiée à cinq reprises au Sud du Québec (Dundee, Châteauguay, Candiac, Montréal et Saint-Roch de L’Achigan) au cours des six dernières années selon e-tick, un site qui tient le compte des observations de l’insecte. «Elle a de bonnes chances de s’installer pour de bon chez nous dans les prochaines années», selon l’entomologiste de l’Université Bishop, Jade Savage, la créatrice du site.

«Le surpeuplement de cerfs de Virginie dans le Sud du Québec est un des facteurs qui expliquent la prolifération des tiques à pattes noires mais la souris à pattes blanches est également en cause. «Quant aux tiques étoilées présentes au Québec, elles proviennent d’oiseaux et de chiens, en plus des voyageurs de retour de l’étrange», ajoute Mme Savage.
Elle-même au centre d’une des régions les plus touchées du Québec, l’Estrie, Mme Savage a senti le besoin de créer le site pour répondre aux questions des gens mordus par des tiques ou dont les animaux de compagnie l’ont été.
Anatoplasmose
La Dre Bouchard a été la première vétérinaire au Québec à étudier la tique à pattes noires, responsable de la transmission de la maladie de Lyme.
Dès 2007, elle consacrait ses études de maîtrise à cette espèce d’arthropode qui transporte des bactéries et virus en suçant le sang de mammifères. Elle vient de publier avec une collègue de l’Université de Montréal une carte des risques d’infection à la maladie de Lyme en Estrie.
Sous surveillance
Mme Thivierge rappelle qu’on compte 12 espèces de tiques dans le sud du Québec et seulement une partie d’entre elles peuvent poser des problèmes de santé publique. De plus, de 1% à 2% des individus peuvent être porteurs d’un pathogène. Ce qui n’empêche pas de voir surgir des agrégats de cas comme en Estrie en 2021 quand 25 patients ont été atteints d’anaplasmose.
Quatre tiques préoccupantes
Tique noire étoilée (Amblyomma americanum)
– Cause une allergie à la viande.
– Pas encore établie au Québec mais est fréquemment observée en Nouvelle-Angleterre. A été identifiée dans le Sud du Québec mais probablement transportée par des oiseaux ou des humains provenant de régions infestées.

Tique à pattes noires (Ixodes scapularis)
– Provoque la maladie de Lyme et l’anaplasmose.
– Établies et abondantes au Québec, des frontières sud à la Gaspérie.
– Fait l’objet de surveillance étroite des organismes de santé publique.

Tique de la marmotte (Ixodes cooke)
– Très semblable à la tique à pattes noires, la tique de la marmotte peut causer une encéphalite grave. Cinq cas ont été répertoriés au Québec entre 2004 et 2014.
– Présente occasionnellement du Sud au Québec jusqu’à Val-d’Or et Percé. Bien installée entre Montréal et Québec, en Montérégie et en Estrie.

Tique américaine du chien (Dermacentor variabilis)
– Une étude récente suggère la présence de cette espèce dans le Sud du Québec sans préciser les endroits, selon l’INSPQ.
– Peut être porteuse de maladies mais les cas documentés sont rares.
Quoi faire en cas de morsure?
- Retirer la tique à l’aide d’un tire-tique ou d’une pince fine.
- Les autorités recommandent de placer la tique dans un contenant hermétique, comme un contenant à pilules et de la mettre au réfrigérateur. La tique pourrait être utile si vous devez consulter un médecin.
- Laver les mains.
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