Une microbrasserie goûte à la médecine de Rambo Gauthier
Le syndicaliste n’a pas du tout apprécié une mise au point à son sujet sur Facebook

Martin Jolicoeur
Des microbrasseurs de Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie ont été bien malgré eux plongés dans la controverse après avoir tenté lundi de se dissocier de Bernard « Rambo » Gauthier, un des organisateurs du récent mouvement de protestation contre les mesures sanitaires à Québec.
La réaction de M. Gauthier n’aura pas tardé. Sur sa page Facebook, suivie par plus de 27 000 personnes, le syndicaliste nord-côtier y est allé hier de la réplique suivante : « Fini le Malbord !! » suivie d’images, dont l’une montrant une tuque de la microbrasserie découpée aux ciseaux, et une autre montrant la même tuque en train d’être jetée à la poubelle.
En quelques heures, la réaction de Bernard Gauthier a suscité plus de 2000 likes et commentaires sur le réseau social, dont une grande partie, hostiles, appelaient au boycottage de la microbrasserie gaspésienne, visiblement dépassée par la situation.
Jamais, au grand jamais, ses gestionnaires n’avaient imaginé qu’un message de deux phrases, posté la veille sur Facebook à l’intention de leur clientèle, allait susciter autant de réactions.

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Le déclencheur
Le message de la microbrasserie se lisait comme suit : « Depuis vendredi dernier, nous recevons plusieurs commentaires sur le vêtement promotionnel de la microbrasserie Le Malbord porté par Bernard Rambo Gauthier lors de ses récentes interventions dans les médias. Sachez qu’en aucune façon, notre entreprise et la marque Le Malbord ne sont associées à la démarche, aux revendications et aux propos de M. Gauthier.

Ébranlés, les copropriétaires peinaient hier après-midi à trouver les mots pour exprimer leur surprise devant l’ampleur qu’aura prise leur initiative de répondre aux interrogations de leurs clients.
« On n’avait pas l’intention de prendre position. On voulait simplement répondre aux questions de notre clientèle, a confié hier Félix Labrecque, copropriétaire [avec Thierry Lafargue] de la brasserie. Tout le monde nous demandait si on appuyait le mouvement, si la tuque que portait M. Gauthier était une commandite de notre part. On a simplement voulu répondre. C’est tout ce qu’on voulait faire. Rien de plus. »

Sans prendre position, le professeur de communication de l’UQAM, Benoît Duguay, estime que les deux entrepreneurs n’ont pas commis d’erreur fondamentale.
« Lorsqu’une entreprise, peu importe laquelle, estime que son association à une personne, un discours ou une cause pourrait lui être nuisible, il est légitime qu’elle mette les pendules à l’heure. [...] Je dirais même qu’il est important qu’elle le fasse. »
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Davantage en raison des tensions
Ainsi, juge-t-il, la forte réaction à laquelle Le Malbord fait face aujourd’hui serait bien davantage attribuable au climat de tension pandémique que nous vivons, qu’à une mauvaise communication d’entreprise.
« Ils étaient de bonne foi. Ils n’ont pas voulu mal faire. N’oublions pas qu’en ne répondant pas à leur clientèle, ils auraient aussi risqué de se mettre à dos une part d’entre elle. »
Cela dit, est-ce que la PME entend répliquer à son tour à M. Gauthier ? Les chances sont faibles, « Notre clientèle est diversifiée, leurs opinions tout autant, explique M. Labrecque. C’est délicat. Ce n’est pas un débat auquel nous souhaitions prendre part. [...] Nous voulions calmer le jeu. C’est encore ce que nous espérons aujourd’hui. »