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L'article provient de Le Journal de Montréal
Environnement

Une météo extrême qui coûte de plus en plus cher aux villes

Le déluge qui s’est abattu l’automne dernier donne un aperçu des défis à venir

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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2023-04-17T04:00:00Z
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Pour les seules pluies torrentielles du 13 septembre dernier, les Montréalais ont déclaré des dommages d’au moins 1,6 M$, tandis qu’à Longueuil les dégâts coûteront des «centaines de milliers de dollars». Face à cette météo extrême, les villes réclament l’aide de Québec afin d’atténuer l’impact des changements climatiques. 

L’automne dernier, entre 80 et 110 millimètres de pluies sont tombés sur Montréal en une seule journée, soit l’équivalent d’un mois normal pour cette époque de l’année. Même constat à Longueuil, où 74 mm se sont abattus en moins de 24 heures. 

La présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal parle d’une «inondation historique», mais aussi d’une tendance inquiétante. 

«On a de plus en plus d’événements. Cette [récente] tempête de verglas en est un autre exemple. Il y a aussi des vagues de chaleur intense», énumère Dominique Ollivier. 

«Chaque année, on a des épisodes qui sont dus aux changements climatiques», ajoute-t-elle. 

  • Écoutez Martin Damphousse, 1er vice-président de l’UMQ, discuter au micro de Alexandre Moranville via QUB radio :

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Facture salée

Dans le cas des inondations du 13 septembre, plusieurs citoyens se sont tournés vers leur ville pour obtenir un remboursement après avoir subi des reflux d’égouts ou une inondation de leur sous-sol. 

À Montréal, les premières réclamations judiciaires se chiffrent à 1 676 325 $. Bien entendu, la Ville pourrait finalement payer une facture moins salée, mais le montant donne une idée des dommages. Deux demandes d’actions collectives, initiées par Lorax Litigation, pourraient également faire exploser la note. 

Du côté de Longueuil, la mairesse Catherine Fournier chiffre les demandes de remboursement de quelque 380 citoyens à «plusieurs centaines de milliers de dollars». 

La Ville a elle-même essuyé des coûts de 98 500 $ en services à la population pour cet unique événement, ainsi qu’environ 100 000 $ en dommages, dont l’inondation de cinq bâtiments municipaux. 

Réflexion nécessaire

Montréal et Longueuil font valoir que ces pluies torrentielles excédaient la capacité normale des réseaux sanitaires et pluviaux. 

Longueuil conteste d’ailleurs les réclamations, au motif que ces pluies «torrentielles et imprévisibles» excédaient la capacité normale des réseaux. 

Pour Catherine Fournier, ce type d’événements météo doit mener à une «réflexion» afin d’adapter les villes aux changements climatiques (voir texte ci-contre). 

Après tout, les dernières pluies considérées «centenaires» sont survenues... il y a dix ans, note-t-elle. 

«On ne peut pas tout prévenir, mais on peut accroître notre résilience et diminuer l’impact de telles pluies», souligne la mairesse.  


Conséquences importantes lors de la pluie du 13 septembre

  • Plusieurs autoroutes et rues fermées
  • Le métro de Montréal à l’arrêt 
  • Deux écoles de la Rive-Sud fermées en raison des dommages 
  • Rejets de canalisations et d’égouts dans les rues
  • Plusieurs centaines de résidences inondées
  • 166 millions $ en pertes liées aux assurances à l’échelle du Québec
  • Il s’agit de la 3e catastrophe météorologique la plus coûteuse en 2022
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*Source : Environnement et Changement climatique Canada 

2 milliards de dollars réclamés par année

Quelques heures avant que le déluge ne s’abatte sur la région métropolitaine, le 13 septembre dernier, le hasard a voulu que l’Union des municipalités du Québec demande 2 milliards $ par année sur 5 ans afin d’adapter les villes aux changements climatiques. 

Alors en campagne électorale, le premier ministre François Legault avait ouvert la porte à un financement limité à travers le projet Oasis, doté d’une enveloppe de 325 millions $, et des ententes à la pièce. 

Pour Catherine Fournier, l’argent de Québec aurait un impact direct sur les citoyens, en finançant notamment le remplacement des vieux canaux unitaires de la ville de Longueuil en réseaux séparés pour les pluies et les eaux usées. 

S’adapter pour prévenir

De plus, l’usine d’épuration de Longueuil doit être mise à niveau pour éviter de déborder dans le fleuve lors des précipitations abondantes. 

«Ça représente des coûts astronomiques», explique la mairesse. 

Les enjeux sont similaires à Montréal, où la Ville investit déjà 1 milliard $ par année sur 10 ans pour mettre à niveau ses canalisations.  

Les deux villes souhaitent également rendre leur territoire plus perméable à l’eau de pluie, notamment en verdissant les terrains, ou en créant des places publiques et des saillies de trottoirs inondables. 

Montréal envisage même un bonus-malus pour inciter les propriétaires de stationnements à réduire la surface asphaltée, sur laquelle ruisselle l’eau de pluie. 

Budget insuffisant

Mais les villes «n’y arriveront pas toutes seules», affirme Dominique Ollivier. 

Elle déplore d’ailleurs le peu de place faite à la lutte aux changements climatiques dans le dernier budget déposé par Québec.

«Quand on choisit d’aller vers des choses plus individuelles, comme les réductions d’impôt, on passe à côté de grands objectifs collectifs», déplore-t-elle.

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