Une mère de famille meurt tragiquement lors d’une chirurgie esthétique: son médecin et l’inhalothérapeute blâmés
Le rapport du coroner fait état de plusieurs problèmes durant la chirurgie de routine


Héloïse Archambault
Infirmières non autorisées, opioïde administré sans ordonnance, signaux d’alarme ignorés: une série de problèmes ont mené au décès tragique d’une mère de famille après une chirurgie esthétique de routine.
Le 1er novembre 2022, la femme de 48 ans (son identité est protégée) avait subi une liposuccion et un transfert de gras vers les seins, en plus d’une correction de cicatrices. Elle avait été opérée par la Dre Sandra McGill à la clinique privée Espace MD de Westmount.

Selon la coroner Karine Spénard, ce décès était «évitable». Son rapport, dont Le Journal a obtenu copie, soulève plusieurs questions sur la qualité des soins et la qualification des employés ce soir-là.
«Il me semble [...] que les professionnels impliqués dans le dossier [...] se lancent mutuellement la balle sur leur responsabilité respective», a-t-elle écrit.

L’inhalothérapeute radié
En janvier dernier, l’inhalothérapeute Claude Thibert a été radié 12 mois pour avoir administré un médicament sans ordonnance ni protocole. Il a aussi reconnu s’être approprié des narcotiques, dont un comprimé a été retrouvé dans son casier. L’homme a depuis remis sa démission.
Selon la coroner, plusieurs alarmes de moniteurs se sont mises à sonner durant la chirurgie. La Dre McGill a répondu qu’elle n’entendait pas les sonneries avant qu’elle désactive un appareil bruyant qu’elle utilisait pour l’opération. Ce soir-là, elle opérait deux clients en même temps.

La patiente a été transférée en ambulance à l’hôpital, où elle a rendu l’âme 12 jours plus tard.
Coupable de deux infractions
Mercredi, la Dre McGill a plaidé coupable à deux chefs d’infraction déposés par le Collège des médecins du Québec (CMQ). On lui reproche d’avoir laissé deux employés s’identifier comme infirmières alors qu’elles ne l’étaient pas, et d’avoir mal consigné le consentement de la patiente au dossier.

Les deux parties ont recommandé une radiation de six semaines et une amende de 7500$.
«Compte tenu des difficultés que nous aurions eues avec des témoins, nous étions limités dans notre enquête, a indiqué Me Jacques Prévost. Nous sommes dans un cas qui a donné lieu malheureusement à une tragédie.»
«Tous les médecins ont une obligation d’assurer que les gens avec qui ils travaillent respectent le Code des professions, a témoigné la Dre McGill. C’était ma responsabilité de ne pas le permettre.»
