Une manifestation LGBTQ+ pour l’heure du conte vire en combat d’insultes
Au moins trois individus ont été arrêtés, et un blessé a été transporté en ambulance

Audrey Robitaille
«Néo-nazi », «pédophiles», «pourritures»... Un cocktail explosif d’insultes a été servi lors d’une manifestation LGBTQ+ qui a dégénéré dimanche avant-midi, devant une bibliothèque de la ville de Sainte-Catherine, où s’est tenue l’heure du conte par Barbada.
• À lire aussi: La montée de la haine envers les drag queens inquiète les experts
• À lire aussi: «Ridicule, dangereux»: la Maison-Blanche fustige l’interdiction de représentations de drag-queens dans le Tennessee
«C’est vraiment difficile, ce matin. On reçoit tellement d’insultes violentes, on se fait traiter de tous les noms. Il y a même des coups qui sont partis», raconte un membre de la communauté LGBTQ+ qui n’a pas voulu être identifié.
Près de 200 manifestants étaient rassemblés dimanche matin devant la bibliothèque de Sainte-Catherine, sur la rue Saint-Laurent, là où les idéologies s’affrontent.

D’un côté, des opposants à l’heure du conte sont menés par le complotiste François Amalega Bitondo, qui s’était fait connaître pendant la pandémie pour son opposition aux mesures sanitaires. De l’autre, la communauté LGBTQ+ qui se tient debout face aux attaques subies.
«C’est assez, la haine! Vous êtes ici pour continuer de propager votre haine, mais nous on va vous répondre», scande une militante LGBTQ+ face aux opposants.

«Moi, j’ai des enfants et je veux les protéger. C’est pour ça que je suis ici. Il faudrait apprendre à nos enfants à cuisiner et à gérer leurs dépenses avant d’être une drag queen», soutient une quinquagénaire contre l’heure du conte.
Escalade de violence
Moins d’une heure après le début de la manifestation, la colère pouvait déjà se faire ressentir parmi les manifestants. D’insultes, les participants en sont rapidement venus aux poings.
«Il y a eu trois arrestations et un blessé. Le soutien des services de police d’autres régions a aussi été demandé», affirme l’agente Sandra Blouin, porte-parole du Service de police de Roussillon.

Les pneus du leader François Amalega ont également été crevés au cours de la manifestation.
«C’est dommage. Nous, on encourage les manifestations pacifiques qui se déroulent dans le respect», déplore Amélie Hudon, directrice des communications de la Ville de Sainte-Catherine.
L’heure du conte déplacée
En raison des protestations des derniers jours et de l’ampleur de l’événement, la Ville de Sainte-Catherine a pris la décision de déplacer l’heure du conte dans un lieu «secret».
«L’heure du conte d’aujourd’hui avait pour objectif de valoriser la tolérance et l’inclusion, une société sans discrimination. On est fiers de l’avoir tenue quand même», souligne Mme Hudon.
Elle espère que l’heure du conte servira à ouvrir un discours sur la tolérance et l’acceptation de l’autre.
«Je crois que [les événements] d’aujourd’hui nous démontrent qu’on a encore besoin de parler de tolérance pour réduire la discrimination», ajoute-t-elle.
Qui est Barbada?
La drag queen Barbada raconte des histoires pour enfants dans les bibliothèques du Québec depuis 2016.
Lors de son «heure du conte», l’artiste présente une sélection de contes sur la diversité, la différence et l’inclusion qui s’adresse aux tout-petits. Loin de parler d’actes sexuels, elle aborde plutôt des sujets d’adulte avec des mots d’enfants, pour favoriser l’ouverture d’esprit et l’acceptation de l’autre.
Sous sa robe et ses paillettes, on retrouve un enseignant en musique passionné par son métier.
«C’est certain que les enfants me posent des questions. Dans les dix premières minutes, je leur mentionne où ils peuvent découvrir l’information à propos de mon univers. Ensuite, on commence l’heure du conte et on lit des histoires. Une drag, ce n’est pas dangereux», affirmait Sébastien Potvin, aussi nommé Barbada, lors d’une entrevue avec TVA Nouvelles en août.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.