Une loi force un chauffeur de taxi de Québec à abandonner sa Tesla en raison de l’âge «limite» du véhicule
À 52 ans, Christian Roy conteste une loi obsolète qui va l’obliger à se chercher un nouveau travail


Diane Tremblay
Un chauffeur de taxi de Québec se retrouvera devant rien à partir du 31 octobre puisqu’il n’aura plus le droit d’exploiter sa Tesla S 2014 en raison d’une loi qui limite à 10 ans l’utilisation d’une voiture pour le transport rémunéré de personnes.
Bien que la loi prévoie une extension d’un an une fois l’âge de 10 ans atteint, Christian Roy ne pourra plus faire de taxi avec son véhicule lors du renouvellement de sa plaque d’immatriculation, qui arrive à grands pas.
Depuis deux ans, il plaide sa cause auprès du ministère des Transports du Québec (MTQ) et de sa députée, Geneviève Guilbault, mais en vain. M. Roy estime que cette loi est obsolète à plusieurs points de vue. Malgré les 509 000 kilomètres au compteur, ce chauffeur de taxi soutient que sa Tesla est parfaitement sécuritaire.

«Ma voiture est neuve! En plus, tous les taxis de huit ans et plus subissent une inspection obligatoire deux fois par année, ce qui n’est pas le cas des voitures de 10-20 ans qu’on croise sur la route», affirme-t-il.
M. Roy est convaincu que la loi est obsolète en raison de l’avancement des technologies et des normes de fabrication, plus exigeantes qu’avant.
«Après le 31 octobre, je tombe sans emploi. J’ai cherché un peu. Ça risque de finir avec la livraison de colis. Ça fait 24 ans que je fais du taxi et c’est comme si je revenais à la case départ.»
Pas question pour lui de se tourner vers Uber. D’abord, il ne pourrait pas avec sa voiture actuelle, puisque c’est la même règle de 10 ans qui s’applique, mais c’est aussi et surtout par principe.
«Uber a détruit ma vie. Je n’irai pas financer une entreprise qui nous a jetés à terre. Dans ma tête, je faisais du taxi pendant encore 20 ans [...]. Je ne suis pas intéressé à emprunter pour racheter une voiture alors qu’on ne sait pas où on s’en va avec tout ça», ajoute l’homme, qui est âgé de 52 ans.
«Depuis 2004 que je suis à mon compte. Je travaille quand je veux, je n’ai pas d’horaire. Je travaille souvent, six jours sur sept, mais je n’ai pas de contraintes d’horaire ou de boss sur le dos. C’est ça que j’aime dans le taxi.»
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Pas le seul
Selon l’Association des taxis des régions du Québec (ATRQ), la situation de M. Roy n’est pas unique. Plusieurs chauffeurs de voitures électriques et de camionnettes adaptées pour le transport de personnes à mobilité réduite demandent d’être soustraits de la période de 10 ans, surtout si l’on considère le coût d’acquisition des véhicules aujourd’hui.
«On ne veut pas jeter une voiture qui est encore bonne après 10 ans pour diminuer notre empreinte carbonique. La norme de 10 ans n’a plus lieu d’être», a réagi Serge Lebreux, porte-parole de l’ATRQ.
Des propositions ont été soumises au MTQ pour modifier la loi afin de soustraire les voitures électriques et les véhicules adaptés de la période de 10 ans, mais avant que le dossier se règle, il sera trop tard pour M. Roy.
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