Une juge va ordonner la libération d'un Salvadorien expulsé puis ramené aux États-Unis
AFP
Une juge américaine a indiqué dimanche qu’elle allait ordonner à l’administration de Donald Trump de relâcher un Salvadorien expulsé par erreur vers son pays en mars et récemment reconduit aux États-Unis pour y être jugé.
Kilmar Abrego Garcia, 29 ans, est au cœur d’une polémique depuis son expulsion vers une prison de haute sécurité au Salvador avec plus de 200 autres migrants présentés comme des membres de gangs sud-américains classés «terroristes».
Son cas est devenu un symbole de l’opposition entre la justice fédérale et le gouvernement de Donald Trump sur la question des expulsions massives. La nouvelle administration américaine a fait de la lutte, parfois musclée, contre l’immigration illégale une de ses priorités.
Dès son retour aux États-Unis en juin, Kilmar Abrego Garcia a été arrêté et inculpé à Nashville (Tennessee) pour trafic de migrants clandestins. Il a plaidé non coupable.
L’accusation a demandé à ce qu’il reste en détention provisoire dans l’attente de son procès, mais la juge Barbara Holmes a pris une position contraire.
«Le gouvernement prétend qu’Abrego est un membre de longue date et bien connu de la MS-13», un gang salvadorien, a expliqué dimanche la juge dans sa décision écrite. «Mais Abrego n’a aucun antécédent judiciaire [...] et son appartenance présumée à un gang est contredite par les preuves mêmes présentées par le gouvernement».
«Dans l’ensemble, a-t-elle poursuivi, les éléments plaidant pour sa libération pèsent plus que ceux en faveur de son maintien en détention».
La juge a toutefois expliqué que même si elle ordonnait mercredi en audience sa remise en liberté, Kilmar Abrego Garcia serait probablement immédiatement arrêté par la police de l’immigration.
Ce Salvadorien marié à une Américaine n’a en effet pas de statut légal d’immigration sur le territoire américain.
Mais il ne peut pas pour autant être expulsé vers son pays, car la justice américaine a définitivement annulé en 2019 un arrêté d’expulsion à son encontre, au motif qu’il court de trop grands risques s’il est renvoyé au Salvador.
Après son expulsion en mars, le gouvernement avait reconnu une «erreur administrative», mais refusé de le faire reconduire aux États-Unis, comme l’exigeait la justice américaine, avant de faire machine arrière afin de l’inculper pour d’autres motifs.