Une journée sans Facebook, surtout pour nous faire réfléchir

Simon Côté, Directeur Fondation Le Grand Chemin
Ce lundi 28 février, c’est la journée mondiale sans Facebook. Soyez sans crainte, cette journée qui a pour but de sensibiliser à la dépendance aux algorithmes de M. Zuckerberg ne concerne pas TikTok, Twitter, Snapchat ou même votre jeu vidéo favori.
Dans ce contexte, quelle est la pertinence de cette journée? Surtout que, malgré ses 2,85 milliards d’utilisateurs, Facebook est en perte de vitesse, notamment chez les jeunes.
Certes, il est toujours de bon ton de démoniser le plus gros joueur de nos vies sociales numérisées, ses chambres d’échos, la polarisation des débats et ses nombreux effets délétères. Mais lorsqu’il est question de cyberdépendance chez nos jeunes, le problème vient d’ailleurs, de partout ailleurs.
nous intéresse.
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Cyberdépendance
Il y a huit ans, Le Grand Chemin recevait une première demande d’aide d’un adolescent présentant une problématique de cyberdépendance. Depuis, les cas se multiplient. Il en va de même avec les demandes d’aide de parents qui ne savent plus comment agir devant un enfant qui néglige son sommeil, qui s’isole ou qui entre en crise à la fermeture du Wi-Fi ou de la console de jeux vidéo. Néanmoins, parmi les dizaines de jeunes traités en cyberdépendance dans nos centres depuis 2014, dans aucun cas Facebook n’était la principale problématique.
Alors on fait quoi?
Bien sûr, le temps d’écran de tous a explosé avec la pandémie. Ce constat est encore plus frappant chez les jeunes pour qui l’internet s’est imposé encore davantage comme le moyen de communication avec leurs pairs.
Démoniser les écrans, les jeux vidéo ou les réseaux sociaux n’est assurément pas la solution pour protéger nos enfants des risques de cyberdépendance (aussi appelée utilisation problématique d’internet [UPI]).
Le phénomène des écrans est là pour de bon. Il faut être bienveillant envers nos jeunes et les encadrer, dès leur plus jeune âge, pour les aider à avoir un meilleur équilibre. Être trop strict n’est pas mieux qu'être trop permissif. Soyez nuancé et adaptez les règles selon le niveau de maturité émotionnelle de votre jeune afin de lui donner plus de liberté progressivement.
La clé est d’établir et de conserver un lien de confiance réciproque avec votre enfant sur ce qu’il fait en ligne. Être trop rigide ou restrictif risque de briser ce lien.
Intéressez-vous à ce qu’il fait en ligne, questionnez-le sur ses jeux favoris, les amis avec qui il échange ou les vidéos qui le font rire. Ce dialogue fera en sorte que votre jeune n’hésitera pas à se tourner vers vous le jour où il fera face à une menace en ligne, que ce soit de l’intimidation, des demandes de photos suggestives ou une sollicitation d’argent dans un jeu multijoueurs, pour ne nommer que ces exemples.
On ne comprend pas toujours la génération qui nous suit. Comme nos parents ne comprenaient pas ces soirées passées au téléphone à répéter pendant des heures: «Non, toi raccroche», à nos premiers amours.
Une majorité de jeunes ont un usage normal des écrans. Il y a des périodes d’abus, durant la relâche par exemple, mais la plupart sauront reprendre le contrôle. Mais pour les jeunes incapables de décrocher, obsédés par leurs écrans, Le Grand Chemin est là. Donc si vous pensez que votre adolescent a besoin d’aide, n’hésitez pas à communiquer avec nous.
Et pour soutenir les jeunes courageux du Grand Chemin qui, eux, enfilent leurs pantoufles pour huit à dix semaines afin de traiter leur dépendance ou leur cyberdépendance, soyez prêt à enfiler vos pantoufles, à l’école, au bureau ou à la maison, le vendredi 18 mars prochain pour le Jour de la Pantoufle.

Simon Côté, directeur de la fondation Le Grand Chemin