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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Une journée à Auschwitz

«Quand vous êtes à Cracovie, un joyau, la question se pose forcément: visiter ou pas Auschwitz, qui est à peine à 70 kilomètres?»

Wikimedia Commons, libre d’accès
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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2025-12-18T05:00:00Z
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L’attentat antisémite en Australie me pousse à vous parler d’un sujet que j’avais d’abord choisi de garder pour moi.

Je suis rentré récemment d’un voyage en Pologne où je n’étais jamais allé, un pays d’une richesse historique et culturelle étourdissante.

Lorsque vous êtes à Cracovie, un joyau, la question se pose forcément: visiter ou pas Auschwitz, qui est à peine à 70 kilomètres?

Silence

J’y suis allé.

Pourquoi? Excellente question. Pas par goût du macabre, mais parce que le refus de voir le tragique en face me semble une sorte de fuite. 

Wikimedia Commons, libre d’accès
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Deux millions de personnes visitent chaque année le plus tristement célèbre camp d’extermination nazi.

Entre 1940 et 1945, mais surtout à partir de 1942, on y assassina environ 1,1 million de personnes, dont 1 million de Juifs.

L’autobus vous dépose dans la petite ville d’Oswieçim (Auschwitz est la version germanisée du nom).

C’est rempli d’autobus.

Vous entrez par le musée, puis le site, immense, se divise en deux: Auschwitz I et Auschwitz II (Birkenau).

On pénètre dans Auschwitz I en franchissant la grille au-dessus de laquelle est inscrit Arbeit Macht Frei.

L’entrée principale d’Auschwitz II est celle qu’empruntait le chemin de fer qui amenait les victimes dans des wagons.

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Les chambres à gaz et les fours crématoires ont été dynamités par les nazis au moment de leur fuite. Il reste des décombres.

On visite les baraquements où les détenus étaient entassés, les cellules et le musée.

Le prix d’entrée est d’environ 60 dollars canadiens.

Il faut obligatoirement être accompagné d’un guide. De toute façon, sans lui, on ne comprendrait pas bien.

Après le tour guidé, on peut rester sur le site tant qu’on veut, mais je ne crois pas que beaucoup de gens s’y éternisent.

Le guide vous fait réaliser l’ampleur et la complexité logistique de l’opération, de même que son infini sadisme.

Une fausse ambulance suivait les prisonniers vers les chambres à gaz pour faire croire qu’on prêterait assistance.

On faisait signer des papiers d’enregistrement pour, supposément, récupérer les effets personnels à la fin du «séjour».

Je craignais que des imbéciles ne prennent des égoportraits, mais, dans mon groupe, le silence était écrasant.

Le guide avait le ton qui convenait: voix douce, aucune emphase, purement factuel.

Aujourd’hui, l’herbe a poussé entre les baraquements, ce qui donne à l’endroit un air faussement pastoral et paisible.

Dans la réalité d’alors, le sol était en terre battue et devenait boueux dès qu’il pleuvait.

Questions

Le plus bouleversant, ce sont ces grandes vitrines derrière lesquelles il y a des montagnes de cheveux décolorés, des valises avec les noms de leurs propriétaires écrits à la craie en toute hâte, des vêtements et des souliers d’enfants.

Dans un couloir, les photos des prisonniers semblent vous parler.

Après 1943, le rythme des meurtres fut si accéléré qu’on ne prenait plus le temps de photographier les nouveaux arrivants.

Forcément, des tas de questions se bousculent dans votre tête.

Je poursuivrai prochainement.

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