Une journaliste condamnée à huit ans de prison au Bélarus

AFP
Un tribunal bélarusse a condamné mercredi la journaliste Katerina Bakhvalova à huit ans et trois mois de prison pour «trahison d’État» au cours d’un procès tenu secret, a annoncé l’agence de presse d’Etat Belta.
Précédemment, le média d’opposition Belsat pour lequel elle travaillait avant son arrestation avait fait état d’une peine de huit ans de prison. La jeune femme purgeait déjà une peine de deux ans de détention dans le cadre d’une autre affaire.
Son procès s’est déroulé à huis clos dans la ville de Gomel (sud). Aucune information n’a filtré sur le contenu des accusations de trahison. L’avocat de la journaliste a dû signer un accord de confidentialité l’empêchant même d’informer les proches de sa cliente.
L’agence Belta n’apporte également aucune précision sur les faits qui sont reprochés à la journaliste.
L’article du code pénal sur la base duquel elle a été jugée réprime la transmission de secrets d’Etat à des acteurs étrangers, l’espionnage ou encore la collaboration avec des entités étrangères en vue de porter atteinte à la sécurité du Bélarus.
Cette femme, âgée de 28 ans, utilisait le nom de plume Katerina Andreeva dans son travail.
Elle avait été interpellée mi-novembre 2020, en plein mouvement de protestation historique au Bélarus contre la réélection, jugée frauduleuse, du président Alexandre Loukachenko.
Des policiers l’avaient arrêtée à Minsk pendant qu’elle filmait en direct un rassemblement en hommage à un artiste, Roman Bondarenko, mort trois jours plus tôt au moment de son arrestation par les forces de l’ordre.
Elle avait été accusée d’avoir organisé des émeutes, puis condamnée en février 2021 à deux ans de prison avec l’une de ses collègues journaliste, Daria Tchoultsova.
Les deux femmes travaillaient pour Belsat, basé en Pologne voisine. En juillet 2021, ce média d’opposition a été déclaré «extrémiste» par la justice bélarusse.
«Cela me rend furieuse de voir comment le régime se venge contre ceux qui ont osé résister», a réagi sur Twitter la figure de l’opposition bélarusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa. Elle a estimé que Katerina Bakhvalova avait été punie pour avoir «montré au monde la vérité sur la brutalité» des autorités.
Dénonçant un procès «bidon» et «politique», la directrice de l’ONG Amnesty International pour l’Europe et l’Asie centrale, Marie Struthers, a dénoncé un «nouveau verdict terrible et injuste» contre une journaliste «courageuse».
«Katerina Andreeva et les autres critiques des autorités bélarusses qui sont emprisonnés pour avoir simplement usé de manière pacifique de leur droit à la liberté d’expression doivent être immédiatement libérés», a-t-elle ajouté.
Le régime d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994 et soutenu par le Kremlin, a réprimé de façon implacable le mouvement de contestation de 2020 en condamnant à de lourdes peines de prison des dizaines d’opposants et de journalistes.
Selon l’ONG Viasna, elle-même visée par la répression, 1 244 personnes sont actuellement emprisonnées au Bélarus pour des raisons politiques.