Une infrastructure emblématique de Québec enfin sauvée


Karine Gagnon
Après trois décennies à rouiller sous nos yeux, à l’entrée de notre magnifique capitale nationale, le pont de Québec sera enfin restauré et entretenu comme il se doit, après le rachat de cette infrastructure emblématique par le gouvernement fédéral.
Qualifié de huitième merveille du monde, le pont de Québec demeure à ce jour l’un des ponts les plus connus, et le plus long de type cantilever.
Désigné Monument historique international par les sociétés canadienne et américaine des ingénieurs civils, en 1987, il a aussi été sacré lieu historique national, en 1996.
Il était plus que temps d’agir. Le gouvernement du Québec a manqué l’occasion de s’en porter acquéreur moyennant contribution du fédéral et du CN. Des discussions informelles avaient eu lieu en ce sens avec les gouvernements Couillard et Legault, qui se sont désistés. Dommage.
- Écoutez la chronique de Karine Gagnon, chroniqueuse politique au JDM et JDQ via QUB :
Accomplissement majeur
Quoiqu’il en soit, depuis 2019, après avoir réussi à intégrer le chantier maritime Davie à la Stratégie nationale de construction navale au Canada, il s’agit d’un second accomplissement majeur dans la région pour le ministre libéral Jean-Yves Duclos.
Ce dernier avait ouvert la porte au rachat du pont par le gouvernement fédéral lors de son premier entretien éditorial en 2015, avec Le Journal. J’avais pu confirmer ensuite que des discussions dans ce sens avaient cours depuis plusieurs mois. «La bonne nouvelle c’est que c’est une entente définitive qui clôt le dossier, a-t-il fait valoir en entrevue hier. On devient maîtres chez nous, parce qu’on possède cet actif et on le met au service des gens et de la communauté.»
L’homme d’affaires Yvon Charest avait été nommé comme négociateur fédéral dans le dossier. La région lui doit une fière chandelle pour être parvenu à dénouer l’impasse.
Échec des conservateurs
Les «conservateurs de gros bon sens» comme ils s’autoproclamaient dans un communiqué hier, avancent que les libéraux ont rompu leur promesse, car ils s’étaient engagés à conclure une entente au plus tard le 30 juin 2016.
C’est vrai, ç’a été beaucoup plus long que promis. Mais les conservateurs oublient de préciser que c’est sous un gouvernement conservateur, en 1993, que le pont a été cédé en secret pour 1 $ au CN, en plus de terrains d’une valeur de 104,2 M$.
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L’entreprise privée devait en échange l’entretenir, mais elle était plus intéressée à engranger des profits qu’à investir pour préserver l’infrastructure. Au moins elle contribuera dans le futur.
Pierre Poilièvre et sa bande oublient aussi que les conservateurs ont été au pouvoir de 2006 à 2015, mais qu’ils n’ont jamais été en mesure de régler le dossier.
L’historien du pont
J’ai eu hier une pensée spéciale pour l’historien du pont de Québec, Michel L’Hébreux, emporté par un cancer en 2023. Il aurait été si heureux de cette belle nouvelle.
Auteur de sept magnifiques ouvrages, cet ex-directeur d’école a énormément milité pour le pont. Il souhaitait, comme il l’a écrit, que «ce chef-d’œuvre d’ingénierie soit préservé et mis en valeur, afin que les générations futures profitent à leur tour de cet héritage unique». C’est désormais mission accomplie.