Une infirmière auxiliaire radiée a exercé le métier sous une fausse identité
La criminelle de 58 ans a déjà reconnu avoir fraudé deux de ses anciens employeurs pour des centaines de milliers de dollars


Jonathan Tremblay
Une fraudeuse récidiviste en attente d’une sentence a pris le chemin de la prison plus tôt que prévu, mardi, après la découverte de nouvelles malversations, dont celle d’avoir usurpé l’identité d’une infirmière.
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«Madame a utilisé, dans le cadre de son emploi, le numéro de membre de l’Ordre d’une autre personne pour pouvoir pratiquer le métier, alors qu’elle est visée par une radiation à vie», a déploré mardi Me Alexandre Dubois, procureur de la Couronne, durant l’audience de Yannick Pierre-Louis, au palais de justice de Saint-Jérôme.
La poursuite demandait alors la révocation de la remise en liberté de l’accusée, qui semblait confuse, au box des accusés.
Jusqu’à la semaine dernière, la dame de 58 ans était libre, en attendant sa sentence dans un dossier de fraude d’employeur de près de 88 000$.
En décembre dernier, elle a reconnu avoir subtilement déposé d’importants montants dans son compte bancaire, en 2017 et 2018, à titre de «paie-maître».

Le même nom
Yanick Pierre-Louis n’en était cependant pas à sa première fraude du type. Entre 1997 et 2001, la détrousseuse a subtilisé plus de 2M$ à Québecor Media.
Pas moins de 236 transactions fautives avaient été répertoriées à l’époque dans ses comptes.
Pour cela, la détentrice d’un baccalauréat en administration avait écopé d’une peine de trois ans de pénitencier, en 2009.
Cette fois, l’enquête a permis d’apprendre que la fraudeuse impénitente a été embauchée comme infirmière auxiliaire par un CHSLD de Laval, en août dernier, selon des documents policiers déposés à la cour.
Pour ce faire, celle qui avait pourtant été radiée à vie en 2012 après avoir volé une patiente, aurait utilisé le numéro de membre de l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (OIIAQ) d’une autre dame qui porte exactement le même nom qu’elle.
La supercherie n’aurait été découverte qu’après qu’une responsable des ressources humaines l’a reconnu dans un article du Journal, en décembre.
Une recherche plus approfondie à son sujet aurait alors été effectuée. Pierre-Louis a depuis été renvoyée.
Dossier bloqué
De plus, Pierre-Louis, déjà accusée dans une autre affaire de supposition de personne depuis 2019, aurait réutilisé le numéro d’assurance sociale d’un plaignant pour diverses demandes d’emploi, jusqu’à l’été dernier.
Le seul lien les unissant est que le plaignant aurait été employé dans une chaîne de restaurants, alors qu’elle y était responsable des paies.
« [Son] dossier à Service Canada est complètement bloqué. Il ne peut pas bénéficier du chômage, présentement », a critiqué Me Dubois, concernant la victime alléguée, qui aurait récemment pris connaissance de ces délits.

Pour sa part, la mère de trois enfants, qui se représentait seule, n’a pas convaincu le tribunal de la libérer.
«Les garanties sont faibles, a soumis à la juge Me Dubois. Je vous suggère que ce n’est pas la fin des haricots.»
Accusations à venir
Dans ce contexte, la cour n’a eu aucune difficulté à trancher.
«Ça m’apparait évident. Elle ne bénéficie plus de la présomption d’innocence. La détention est nécessaire», a affirmé la juge Sophie Lavergne.
La poursuite a affirmé que Pierre-Louis devrait éventuellement être formellement accusée pour ces nouvelles infractions.
Celle-ci attend son procès dans pas moins de cinq dossiers différents, en matière de fraude.
Elle doit revenir à la cour mercredi, au palais de justice de Joliette.
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