«Premier contact»: une immersion pour faire tomber les jugements


Frédérique De Simone
Six Québécois qui entretiennent des préjugés à l’égard des Premières Nations vivront une immersion de 18 jours dans la réalité des différentes communautés autochtones, pour y établir un Premier contact.
Avertissement : les premières minutes de ce documentaire sont frappantes et choquantes. Certains participants tiennent des propos et des jugements assez durs à l’égard des Premières Nations, même après avoir entendu le récit bouleversant de deux survivants des pensionnats et d’avoir constaté par eux même l’état de certaines réserves éloignées.
Au cours de cette aventure, adaptée du format australien qui a aussi été fait au Canada anglais (First contact), les participants seront amenés à discuter et rencontrer, avec tous leurs aprioris et préjugés, les membres des Premiers Peuples, jeunes et moins jeunes, dans les différentes communautés.
Ces discussions entre autochtones et allochtones sont franches, intéressantes et orientées dans la découverte de l’autre. La question des taxes, du territoire, des abus et des traumatismes laissés par les pensionnats sera abordée, mais aussi celle des filles et des femmes disparues et assassinées, de l’absence d’eau potable et de services dans certaines communautés.

Les traditions, la transmission des savoirs, la culture et la protection de l’identité sont également mises en lumière.
Le but de l’exercice est d’ouvrir le dialogue et non de faire du sensationnalisme «ou de simplifier les choses», a souligné Jean-François Martel, le réalisateur du documentaire.
Dans cette optique, Canal D vise juste pour faire œuvre utile en diffusant les trois épisodes d’une quarantaine de minutes à heure de grande écoute. Rappelons-le, c’est la chaîne de divertissement qui a la plus grande portée chez le groupe Bell, avec près de deux millions de téléspectateurs chaque semaine.
«Quand Jason [Le producteur de la série] m’a parlé d’une version française, une version faite ici au Québec, je me suis dit c’était une des meilleures opportunités en ce moment pour approfondir le dialogue et qui pour moi est lancé depuis quand même longtemps. Je suis dans le milieu de la musique depuis 15 ans et j’ai tellement vu une belle évolution et en même temps quand j’ai rencontré les participants, il y a des propos que j’entendais, que j’ai entendus toute ma vie», a soulevé Samian, narrateur et collaborateur pour ce projet.

«Ça fait deux mois que je suis sur la route dans les écoles et j’entends encore ce genre de propos là», a-t-il ajouté, sans cacher son ébahissement.
Au fil des rencontres et des expériences, le ton finira par changer. Plusieurs participants auront des prises de conscience, parfois très touchantes à regarder. Tandis que certains autres auront besoin d’encore un peu de temps pour tout intérioriser.

Trouver les bons candidats
Le processus de «casting» a été assez long et s’est fait de façon graduelle pour mettre en confiance les participants, mais aussi pour départager les gens qui voulaient réellement ouvrir leurs horizons et ceux qui voulaient surtout faire de la téléréalité. Les candidats ont été choisis selon leur degré de méconnaissance et ont été rencontrés à plusieurs reprises par les membres de la production, tant par visioconférence que chez eux.
«J’ai été très soulagé la semaine dernière, lorsqu’ils [les participants] nous ont dit qu’après avoir visionné les trois épisodes, ils se sentaient très bien représenter. Pour moi, ç’a été la confirmation qu’on avait bien fait notre job», a indiqué Jean-François Martel, le réalisateur.
Premier contact est une belle entrée en matière et un premier pas vers un dialogue d’humain à humain.
Produit par Nish Média en collaboration avec Bell Média et APTN, Premier Contact sera diffusé dès le 6 avril, 19 h, sur Canal D.