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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Une hausse des tarifs d'électricité est inévitable, prévient le ministre de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2024-03-16T04:00:00Z
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Bien que le premier ministre François Legault a promis de limiter la hausse des tarifs résidentiels à 3%, «avec le temps» les coûts de services augmenteront inévitablement, prévient le ministre de l’Énergie.

La question est politique, mais le ministre Pierre Fitzgibbon admet qu’une augmentation des tarifs permettrait à Hydro-Québec d’avoir une meilleure marge de manœuvre. 

«Il y a une énorme pression sur Hydro-Québec», a-t-il soutenu en entrevue avec notre Bureau parlementaire.

Le ministre Fitzgibbon a concédé que le «bâton» des tarifs sera utilisé naturellement, à long terme.

«Pédagogie en premier, certaines mesures incitatives, puis le bâton... le coût de service va augmenter dans le temps de toute façon», a-t-il admis, réitérant toutefois la promesse du premier ministre de garder des tarifs bas dans le secteur résidentiel.

Pierre Fitzgibbon
Pierre Fitzgibbon Photo d'archives

À court terme, dit-il, «c’est 3% [d’augmentation] maximum» parce qu’il ne veut pas faire dévier le débat sur le futur de l’énergie. Le commercial et l’industriel pourraient écoper rapidement. Mais, un jour, les gens paieront inévitablement plus cher pour les kilowattheures, signale-t-il. 

«Il va y avoir au Québec une évolution. Mais, les gens ne sont pas prêts à ça parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de bon travail de fait sur l’éducation des gens», a-t-il indiqué. 
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«On va commencer comme ça.»

  • Écoutez la chronique économie et entrepreneuriat avec Philippe-Richard Bertrand via QUB :

Tarifs concurrentiels

Le vice-président chez Hydro-Québec, Dave Rhéaume, indique que «c’est certain que les tarifs vont être sur une pente en augmentant.»

Entrevue avec Dave Rhéaume, Vice‑président exécutif – Planification énergétique et expérience client chez Hydro-Québec, à Montréal, le mercredi 28 février 2024. Pour un dossier sur la sobriété énergétique. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Entrevue avec Dave Rhéaume, Vice‑président exécutif – Planification énergétique et expérience client chez Hydro-Québec, à Montréal, le mercredi 28 février 2024. Pour un dossier sur la sobriété énergétique. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Toutefois, plaide-t-il, la société d’État doit faire des investissements pour améliorer l’efficacité énergétique et répondre aux besoins croissants en électricité, mais tout en évitant d’augmenter les tarifs.

«Les tarifs au Québec, on pense que ça fait partie du pacte social. Les tarifs au Québec doivent conserver un avantage concurrentiel par rapport aux autres juridictions, partout dans le monde où il va y avoir la transition énergétique», a-t-il soutenu. Il ajoute cependant qu’il va y avoir une pression à la hausse. 

«On ne le nie pas [...] Ce qu’on veut, c’est s’assurer de contrôler cette augmentation-là pour que ça demeure acceptable et pour la capacité de payer.»

Or, les tarifs actuels ne reflètent peut-être pas adéquatement les niveaux de consommation élevés. Un changement de comportement est nécessaire, en particulier pour les très riches consommateurs, dit-il.

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Faire payer les riches

En entrevue, il évoque la possibilité de mettre en place des tarifs différenciés en fonction du niveau de consommation, en particulier pour les grands consommateurs d'énergie, qui ont des piscines avec chauffe-eau, des entrées avec asphalte chauffé, d’immenses pièces dans la maison, etc.

Il suggère que ceux qui consomment de manière excessive pourraient être soumis à des tarifs plus élevés.

«Il faut que ces gens-là [les gros consommateurs] aient le signal plus fort», explique-t-il, soutenant qu’il s’agit d’environ 1% des clients. 

«Clairement, c'est des gens qui sont très très bien nantis. On ne parle pas de la classe moyenne haute.»

D’une manière ou d’une autre, ce sont les Québécois qui épongeront les coûts des investissements. Si les tarifs restent trop bas, les dividendes versés par la société d’État dans les coffres du gouvernement québécois fondront.

«C’est soit le client ou la fiscalité. Ultimement, ça veut dire, soit les clients qui voient leurs tarifs augmenter, soit c’est le bénéfice d’Hydro-Québec qui contribue aux services publics qui est réduit. Ce sont les deux vases communicants», explique M. Rhéaume.


Un plan clair, promet Fitzgibbon

Pour les convaincre d’adhérer à la sobriété énergétique, les Québécois auront accès à un plan détaillé des besoins en énergie, assure le ministre Pierre Fitzgibbon.

Inclus dans son projet de loi, le plan présentera des projections de la demande énergétique future, des analyses des ressources disponibles pour répondre à cette demande (telles que l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire, etc.), ainsi que des mesures pour favoriser l’efficacité énergétique et la transition vers des sources d’énergie plus durables.

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La centrale Manic-5, sur la Côte-Nord, un des fleurons et emblèmes d’Hydro-Québec.
La centrale Manic-5, sur la Côte-Nord, un des fleurons et emblèmes d’Hydro-Québec. Photo d’archives des Ressources naturelles du Québec

Ce plan serait revu tous les trois ou cinq ans.

«En France, ils l’ont bien fait... et partout où je suis allé. C’est le fameux plan intégré des ressources. On va présenter ça dans le projet de loi. Quelles vont être les ressources énergétiques qu'on a besoin pour décarboner en 2050?», a expliqué le ministre en entrevue. Ce portrait démontrera l’ampleur des défis auxquels les Québécois devront faire face en matière d’énergie.

Fin de l’abondance

Comme en France, où le parc nucléaire était perçu comme une source inépuisable jusqu’à la récente crise, le Québec baignait jusqu’à tout récemment dans l’abondance.

«Une illustration savoureuse, avant la crise. À l’été 2022, le gouvernement français avait dû passer une circulaire pour rappeler qu’il était raisonnable de fermer la porte d’un local commercial qu’on était en train de climatiser. Ça en dit beaucoup sur le fait que les Français nourrissent l’idée d’une abondance énergétique qui leur était due en raison du service public de l’énergie», relate l’expert français en énergie Yves Marignac.

Yves Marignac, expert Français en énergie à l'Association négaWatt
Yves Marignac, expert Français en énergie à l'Association négaWatt Nicolas Lachance

Malgré cette croyance, les Français ont rapidement changé d’habitude et accepté la sobriété.

Au Québec, la fin des surplus hydroélectriques est brutale et la population redoute la sobriété. «Ils ont raison», admet le vice-président pour la planification énergétique chez Hydro, Dave Rhéaume. 

«Pendant dix ou quinze ans, on n’en a pas fait assez. On a laissé une forme de gaspillage énergétique se matérialiser au Québec.»

Il faut maintenant entamer un virage à 180 degrés, et Hydro-Québec assure qu’elle accompagnera la population en misant sur la pédagogie.

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