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L'article provient de 24 heures

Une Française est venue au Québec pour être proche des Cowboys Fringants (et voir la ruelle Laurier)

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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2023-11-17T19:56:35Z
2023-11-18T03:44:11Z
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Le Québec est en deuil depuis l'annonce mercredi du décès de Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys Fringants. 24 heures a parlé à quatre fans finis du musicien dont la musique a changé leur vie.

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Visiter le Québec pour voir la ruelle Laurier... et décider d’y déménager

C'est à Vienne, en France que l'histoire d'amour entre Coralie Mayet et les Cowboys Fringants a commencée, en 2008. 

«Je n'avais jamais entendu une seule chanson d'eux, et je ne connaissais pas plus le Québec. Mais j'ai passé une soirée merveilleuse à danser sur leurs chansons, même si je ne comprenais pas un mot de ce qu'il se disait!»

Coralie Mayet à un spectacle des Cowboys Fringants à Genève, en Suisse
Coralie Mayet à un spectacle des Cowboys Fringants à Genève, en Suisse Photo fournie par Coralie Mayet

À la sortie du spectacle, elle a voulu découvrir davantage «ce groupe si inspirant». Comble du bonheur (du malheur?), elle s’est fracturé le tibia le lendemain et a dû faire six mois de rééducation. Elle a donc eu tout le temps du monde pour écouter la discographie des Cowboys. 

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Deux ans plus tard, elle a mis les pieds pour la première fois au Québec. L’un de ses objectifs était de visiter la ruelle Laurier, mise en vedette dans la chanson du groupe portant le même nom.

«Un voyage époustouflant! La veille de repartir, nous sommes allés les voir dans une petite salle très intime. Tellement intime que mon frère est allé porter un petit mot à Karl. À ma grande surprise, il s'est mis à jouer une de mes chansons préférées, Banlieue, et m’a dédicacé la chanson», relate-t-elle. 

Elle est ressortie du spectacle les yeux pleins d’eau et le cœur rempli de gratitude. Et ce voyage, mais surtout la perspective de pouvoir voir les Cowboys Fringants plus souvent, lui a donné envie de s’installer au Québec.

«Quinze ans plus tard, j’ai obtenu ma résidence permanente et je vis enfin au Québec. Quinze ans que je les écoute et ce soir, mon cœur est triste», peut-on lire dans un message publié en réaction à de l’annonce du décès de Karl Tremblay, mercredi soir.

«Ce soir, je me sens Québécoise, grâce à toi [Karl], car je partage la même peine que tous les Québécois», a-t-elle conclu dans son message.

Leur amitié liée par les Cowboys Fringants

Marie-Josée Dubé et Marie-Michelle Sauro ont connu les Cowboys Fringants en 2002, à l’âge de 13 ans. C’est l’album Break Syndical, sorti la même année, qui les a fait tomber en amour avec le groupe. 

«On connaissait le CD par cœur et on allait télécharger leurs chansons sur internet. Les Cowboys nous ont accompagnées dans nos premières Saint-Jean-Baptiste, nos premiers partys, nos premières brosses», raconte Marie-Michelle Sauro.

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Marie-Michelle Sauro et Marie-Josée Dubé, à un spectacle des Cowboys Fringants en avril 2022, qui boivent l'une des bières que le groupe a l'habitude de distribuer avant d'entonner «Le shack à Hector».
Marie-Michelle Sauro et Marie-Josée Dubé, à un spectacle des Cowboys Fringants en avril 2022, qui boivent l'une des bières que le groupe a l'habitude de distribuer avant d'entonner «Le shack à Hector». Photo fournie par Marie-Michelle Sauro

Le concert des Cowboys le plus mémorable parmi la vingtaine auxquels elles ont assisté, c’est celui de la Saint-Jean-Baptiste, à Repentigny, en 2004. 

«Il annonçait des orages cette journée-là, et on a décidé de rester pour le concert malgré tout. C’était mémorable», souligne Marie-Josée Dubé. 

Depuis ce temps, les chansons des Cowboys sont la trame sonore de tous leurs road trips.

Le groupe est tellement charnière dans la vie de Marie-Michelle Sauro qu’elle a voulu le faire découvrir à sa fille Jasmine. Elle s’est donc rendue à Joliette, en avril 2022 – peu de temps après l’annonce du diagnostic de cancer de la prostate de Karl Tremblay – pour que sa fille de 5 ans assiste à son tout premier concert.

«Je tenais à ce qu’elle les voit parce que je joue souvent leurs albums et qu’elle adore la chanson L’Amérique pleure. Je voulais qu’elle garde un souvenir du groupe qui, pour moi, est le plus important de ma génération. Qu’elle puisse un jour dire "moi aussi j’étais là". Un peu comme les souvenirs que j’ai des soirées à danser avec ma mère sur du Elton John.»

Enseigner les textes des Cowboys Fringants

Christian Cheminais, 36 ans, aime tellement les textes des Cowboys Fringants qu’il les utilise dans ses cours en travail social à l'université.  

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«C’est souvent pour introduire un concept ou un contexte. J’utilise des bouts de phrases en début de cours, en guise d’introduction», explique le chargé de cours, qui aborde notamment l’intervention collective, le pouvoir citoyen et les notions de contre-pouvoir dans ses classes.

Christian Cheminais et un groupe d'amis avec les membres des Cowboys Fringants, après un concert, en 2003, à Rouyn-Noranda
Christian Cheminais et un groupe d'amis avec les membres des Cowboys Fringants, après un concert, en 2003, à Rouyn-Noranda Photo fournie par Christian Cheminais

«L'implication sociale du groupe par leur fondation, mais également par la prise de position et la sensibilisation, il y en a beaucoup dans leurs textes. Il y a Joyeux Calvaire, qui aborde la réalité d'une mère monoparentale, Plus rien, qui parle de la crise environnementale et de l'inaction des gouvernements, La Reine, qui démontre comment individuellement on peut contribuer [à la société] même quand on a eu un passé difficile», poursuit Christian Cheminais.

Leurs chansons sont d’ailleurs celles qu’il gratte le plus souvent à la guitare «au bord du feu et sur scène devant 10 ou des milliers de personnes». 

«J’ai vu je ne sais combien de leurs spectacles. Que ce soit dans la boue jusqu’aux genoux à Woodstock en Beauce, dans une salle de Montréal ou de Québec, à 15 ou 35 ans, la musique des Cowboys, c’est intime pour notre génération. Ils ont décrit notre vie, intime et publique à la fois», se remémore-t-il.

«Karl n’était pas un chanteur de voix, il se plaisait à diminuer lui-même son talent vocal en entrevue. Mais il était cette voix qui nous permettait d’entendre la colère compatissante, la révolte bien digérée, la sensibilité assumée et, bien sûr, le festif nécessaire dans cette morosité», soutient Christian Cheminais.

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