Une femme aurait été droguée à son insu dans un resto-bar de Blainville
Agence QMI
Une cliente d’un resto-bar de Blainville, dans les Laurentides, a affirmé avoir été victime de soumission chimique la semaine dernière, dans une publication sur ses réseaux sociaux.
«Jamais je n’aurais cru que ça pouvait m’arriver, à moi. Et pourtant...», a-t-elle écrit dans un message publié sur Facebook.
L’événement serait survenu jeudi soir dernier, à la microbrasserie Archibald, sur la Rive-Nord de Montréal.
La femme raconte avoir perdu connaissance pendant près de six heures après avoir consommé un verre d’eau. La mère de famille soupçonne qu’un individu y aurait introduit du GHB, communément appelé «drogue du viol».
«Non, je n’avais pas “abusé” de l’alcool, a-t-elle précisé. J’avais bu trois verres de vin dans toute ma soirée. Ce n’est pas après ces verres-là que tout a basculé... c’est en prenant un simple verre d’eau, environ 1h30 plus tard, que ma belle soirée a pris une autre tournure.»
Elle s’est ensuite sentie «très mal» et «désorientée».
«J’ai eu le réflexe de m’enfermer dans les toilettes, terrifiée, a-t-elle poursuivi. J’ai réussi à appeler mon mari quelques minutes avant de perdre conscience, et merci mon Dieu, mon mari est arrivé rapidement. Comme j’étais inconsciente, il a immédiatement appelé les secours.»
Elle ne se souvient de rien par la suite, c’est le noir total.
«Quand les ambulanciers sont arrivés, j’étais inconsciente, ma respiration était extrêmement lente, mon pouls très faible. J’étais incapable de reprendre conscience, même avec stimulation, a-t-elle souligné selon les informations qu’elle a obtenues à son réveil. Ils ont dû me donner des soins d’urgence sur place et installer un défibrillateur, par précaution, tellement mon état était critique.»
Un crime grave
La femme affirme avoir porté plainte auprès du Service de police de Blainville.
«C’est une infraction criminelle grave», a déclaré Jonathan Tremblay, porte-parole de la police de Blainville.

Une personne prise en flagrant délit d’introduction de substance dans un verre est passible d’une peine de 14 ans de prison, a précisé M. Tremblay.
«On a besoin de ces déclarations-là, de ces dénonciations-là pour pouvoir initier des enquêtes, donc c’est extrêmement important pour nous d’avoir [...] la vraie image de ce qui se passe dans nos établissements licenciés, a-t-il ajouté. On a besoin de ces plaintes-là.»
Pas la seule
Dans sa publication, la femme mentionne également qu’une autre personne présente dans le même établissement, le même soir, se serait elle aussi retrouvée à l’hôpital.
Ce genre d’événement est malheureusement loin d’être isolé au Québec. À la fin juin, deux jeunes femmes ont déclaré avoir été droguées à leur insu lors d’un rodéo près de Québec.
Son histoire a aussi interpellé une autre femme qui a vécu un incident similaire il y a un peu plus d’une semaine.
«Je me sentais dans le néant. Je suis incapable de me souvenir de quoi que ce soit», a raconté Vanessa Laurendeau, rencontrée par TVA Nouvelles, mardi.
Après une soirée dans un bar de Joliette, le 11 juillet dernier, la mère de famille de 36 ans affirme avoir été retrouvée le lendemain matin inconsciente sur la banquette arrière de son véhicule, dans un fossé, à Saint-Cuthbert.
«J’ai des bleus [sur les deux bras], comme si quelqu’un m’avait pris, mais je n’ai pas la sensation d’avoir été violée», a-t-elle précisé.
Cette dernière a également indiqué qu’elle recherche encore le courage pour porter plainte à la police.
«C’est récent et il fallait que je me remette de tout ça, a-t-elle confié. C’est épeurant.»
Selon le dernier bilan du projet Trajectoire – un programme visant à prévenir et contrer l’intoxication à l’insu –, 404 trousses d’analyse urinaire ont été soumises aux autorités entre décembre 2023 et novembre 2024.
Sur les 344 échantillons analysés au moment de la publication du bilan, 59 substances différentes ont été détectées, a indiqué la Sécurité publique.
Sécuriser son verre
Des outils existent pour se prémunir contre ce fléau. Chez Alco Prévention Canada, on offre notamment des couvercles pour sécuriser son verre, ou encore des baguettes permettant d’analyser sa boisson. Ces dernières changent de couleur lorsqu’une drogue est détectée.
«Vous avez le Check Your Drink (Testez votre boisson) qu’on prend et qu’on va tremper dans la solution. Et quand ça devient bleu, le verre est souillé», a expliqué Josée Lacasse, directrice chez Alco Prévention Canada.

Ces petites bandes peuvent détecter jusqu’à 600 drogues différentes. Elles sont offertes à des prix très abordables.
Les autorités rappellent l’importance de toujours surveiller son verre dans les lieux publics, et conseillent de ne pas accepter de boisson offerte par un inconnu.