«Un steak pour tout le monde, c’est juste impossible»: cette famille se prive de manger de la viande
Le budget d’épicerie de 400$ pour sept personnes est trop serré pour manger du bœuf

Héloïse Archambault
Les Québécois mangent moins de viande pour économiser, révèle un nouveau sondage exclusif. Les steaks de bœuf seront un luxe sur le BBQ cet été. Plusieurs familles adoptent désormais le tofu et d’autres protéines à bon prix.
Une mère de Laval se prive d’acheter du bœuf même si sa grande famille adore en manger parce que ça coûte tout simplement trop cher depuis plusieurs mois.
«Avant, on mangeait du bœuf deux à trois fois par semaine. Maintenant, on n’en mange parfois pas du tout. Quand on en mange, ça se résume à du bœuf haché, explique Martine Gendron. Un steak pour tout le monde, c’est juste impossible.»
«C’est rendu fou», s’indigne la mère de famille à propos du prix de l’épicerie.
Un budget serré de 400$
Avec cinq enfants âgés de 8 à 16 ans à la maison, dont trois qui y vivent à temps plein, cette famille recomposée de Laval qui a un revenu annuel dans la moyenne québécoise ne peut plus se permettre des petites folies à l’épicerie.
Le budget de 400$ par semaine permet de bien manger, mais sans plus. La mère calcule que nourrir sa famille représente 33% de son budget mensuel après impôts, soit un peu moins que le loyer (45%).
«On arrive, mais on ne se permet pas d’extra, avoue la femme de 41 ans. Le restaurant à sept personnes, on oublie ça», confie-t-elle.
Pour respecter son budget, Mme Gendron fait son épicerie en ligne, ce qui lui permet d’ajuster ses achats en fonction de la facture. Et quand c’est trop cher, elle coupe dans la viande. Surtout le bœuf.

«C’est l’affaire qu’on peut remplacer plus facilement», précise-t-elle, ajoutant qu’elle le fait uniquement pour des considérations économiques.
«Ça paraît bien de dire: je suis végé. Moi, je n’ai pas peur de dire qu’on aime vraiment la viande», dit la femme, qui travaille dans un organisme d’aide.
Par ailleurs, elle avoue avoir du mal à trouver des idées de recettes végétariennes et elle n’a pas vraiment appris à cuisiner sans viande. Elle achète des légumineuses pour un chili et du thon en conserve pour des pokés, mais elle ne cuisine pas le tofu par exemple.
Il manque quelque chose
«C’est comme s’il manquait quelque chose, avoue-t-elle. Ce n’est pas naturel chez moi [de cuisiner végé]. C’est difficile, j’ai l’impression que ça ne nous comblera pas. Pas juste au niveau du goût, mais pour être rassasiés et en quantité.»
Travaillant avec les gens plus démunis, Mme Gendron s’inquiète pour l’avenir.
«La vulnérabilité, je la vois. J’ai vraiment peur pour le futur. Nous, on arrive juste, sans se gâter. Je ne vois pas où ça s’en va.»