Une famille recomposée... en 1900


Marie-France Bornais
Auteure de plusieurs romans d’époque, Marie Louise Monast s’est laissé charmer par l’histoire de sa municipalité pour écrire son nouveau roman, Les cloches de Saint-Hubert. Reculant dans le temps jusqu’au début du 20e siècle, la romancière raconte la recomposition d’une cellule familiale au sein du clan Martin. Le père, endeuillé par le décès prématuré de sa femme, décide de se remarier avec une cousine par alliance de sa défunte femme. Une décision plutôt mal accueillie par ses cinq enfants.
Nous sommes en juin 1900 et Saint-Hubert n’est qu’une petite bourgade rurale. Théophile Martin, veuf depuis l’automne précédent, annonce à ses quatre filles et à son garçon qu’il y a un mariage dans l’air. L’élue de son cœur s’appelle Artémise et c’est une cousine par alliance de sa défunte femme.
La nouvelle n’est pas très bien accueillie par la fratrie, qui fomente une petite mutinerie. Les enfants, en deuil de leur mère, sont contraints de séjourner à Saint-Mathias pour mieux connaître Artémise et son fils Honoré. La rencontre ne se passe pas très bien.
Un peu plus tard, Artémise craque et toute la famille Martin se questionne sur les décisions à prendre et leurs impacts sur le clan. Les joyeuses cloches de Saint-Hubert, qui sonnent à toute volée, pourront-elles leur donner confiance en l’avenir ?
Naissance d’une paroisse
Marie Louise Monast s’est passionnée pour l’histoire de Saint-Hubert, où elle rénove présentement une maison centenaire avec son mari. Elle fait revivre une communauté encore très rurale en 1900, même si Montréal n’était pas très éloignée.
« Je vis à Saint-Hubert. C’est mon patelin. Je voulais faire découvrir la naissance de Saint-Hubert », explique-t-elle. « Tous les villages naissaient avec une paroisse, avec une église. Il y a aussi deux hommes extraordinaires qui ont vraiment aidé au développement de cette paroisse. Ils sont enterrés dans la crypte de l’église – on peut voir des plaques à leur mémoire : c’est Laurent Benoît et Moïse Vincent. »
« Moïse Vincent a cédé un des terrains et donné 500 $ pour créer l’église et Laurent Benoît a donné des arpents de terre pour faire un chemin. Ce sont deux personnes très importantes pour la fondation de l’église, de la paroisse et du village, par la suite. J’ai lu beaucoup au sujet de Saint-Hubert et ça m’a donné une histoire. Je comprends mieux sa raison d’être. C’est un patelin spécial. Ça s’est développé beaucoup. »
Marie Louise Monast, par ailleurs, vient d’une famille nombreuse et a toujours aimé la notion de fratrie... et les mauvais coups que les enfants peuvent faire. Ce fut une source d’inspiration pour l’écriture. « Autrefois, les familles étaient très unies : il y avait une communion entre les familles et les belles-familles, et on s’entraidait beaucoup. »
Les remariages
Dans le roman, elle montre à travers les personnages ce qui se passait à l’époque lorsqu’une femme mourait et laissait dans le deuil son mari et ses enfants.
« Souvent, les femmes mouraient en couches. Un veuf, avec des enfants, avait besoin d’une femme à la maison et d’une “autre” mère. C’était comme ça, les remariages. C’était plus des mariages de raison que des mariages d’amour. Il fallait s’arranger. C’est différent aujourd’hui... heureusement. »
- Marie Louise Monast a écrit plusieurs poèmes, nouvelles et romans.
- Elle a publié L’héritage des Dansereau, La Bolduc : Le violon de mon père et Les amants du Grand Dérangement.
- Elle habite à Saint-Hubert.
EXTRAIT

« Six heures sonnèrent à la grosse horloge au salon, donnant la réplique à l’Angélus, au loin. Théophile ne tarderait pas à rentrer après une longue journée de travail. Sa fille Marjolaine Emma ouvrit la porte de la cuisine d’été pour appeler son jeune frère Frédéric. Puisqu’il ne répondait pas à ses cris, l’aînée de la famille Martin ordonna à sa sœur Isabeau d’aller chercher le petit garne-ment, sans doute avec Charles-Joseph. Les deux filles connais-saient bien les recoins où les deux amis se cachaient pour larguer des petits pois sur tout ce qui bougeait sur le chemin de Chambly. Le magasin général de M. Robert, situé en face de la belle église de Saint-Hubert, logeait aussi le bureau de poste, la première centrale téléphonique ainsi qu’un hôtel pour les voyageurs fatigués, descen-dus du train. Tout ce va-et-vient permettait aux garçons de cibler des victimes de choix. »