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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Une étudiante en droit endettée de 93 000$

Illustration Adobe Stock
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Emmanuelle Gril

2025-05-14T23:00:00Z
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Megan, une étudiante en droit de 25 ans, va bientôt commencer l’École du Barreau, l’une des dernières étapes avant de devenir avocate. Son endettement lui cause un stress dont elle aurait bien aimé se passer.

Pour financer ses études, la jeune femme a dû contracter un prêt étudiant de 25 000$. Son institution financière lui a également consenti deux marges de crédit étudiantes pour un total de 53 000$, auquel s’ajoutent des soldes de 15 000$ sur ses deux cartes de crédit. 

«Au bout du compte, j’ai cumulé 93 000$ de dettes. Même si je n’ai pas encore à rembourser mon prêt étudiant, je dois faire les paiements minimums sur les marges et cartes de crédit chaque mois, ce qui devient de plus en plus difficile», soutient-elle.

Une situation insurmontable

Pour réduire ses coûts, Megan a quitté son appartement en colocation et est retournée vivre chez ses parents. Sa mère a connu une période de chômage prolongée en raison d’une chirurgie, et son père travaille comme ouvrier dans une usine. Leurs moyens financiers sont limités, et elle leur verse une pension de 1000$ par mois pour contribuer aux frais.

Bien qu’elle ait réduit ses dépenses au maximum, les frais de scolarité, les manuels scolaires et le transport grugent son budget. Au total, elle doit débourser 2200$ par mois. Grâce à ses bons résultats, Megan a toutefois réussi à décrocher un emploi étudiant au sein d’un petit cabinet d’avocats, ce qui lui procure des revenus mensuels nets de 2700$. Elle devra toutefois réduire radicalement son rythme de travail lorsqu’elle commencera son Barreau, puisque ses études l’occuperont pratiquement à temps plein, et son salaire s’en ressentira.

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Dans ces conditions, Megan ne voit pas le jour où elle pourra régler ses dettes. Elle a tenté de négocier une réduction des paiements avec son institution financière, mais sans succès. Elle envisage désormais de faire faillite. Pour obtenir des conseils, elle est allée consulter la firme de syndic autorisé en insolvabilité Jean Fortin & Associés.

Des marges de crédit difficiles à rembourser

Pierre Fortin, président de Jean Fortin & Associés, souligne qu’il n’est pas rare de voir des étudiants dans des domaines prometteurs comme la médecine, le droit ou le génie se faire proposer des marges de crédit étudiantes par leur institution financière. 

«On peut se libérer de ces marges dans le cadre d’une faillite ou d’une proposition, même si celle-ci survient peu de temps après la fin des études. En revanche, la prudence est de mise, car les tribunaux sont plus sévères vis-à-vis d’une personne qui déciderait de faire faillite alors qu’elle a un diplôme dans la poche et de bonnes perspectives d’emploi», prévient Pierre Fortin.

C’est pourquoi le syndic optera alors toujours pour une proposition de consommateur et négociera avec le créancier en tenant compte de tous les éléments, dont les revenus potentiels futurs.

Proposition avec des versements croissants

Après analyse, on établit qu'elle sera en mesure de payer une partie de ses dettes, mais de façon progressive, soit.

  • 200$ par mois pendant 12 mois, le temps de terminer ses études et son stage;
  • 400$ par mois pendant les 12 mois suivants;
  • 600$ par mois durant les 12 mois suivants;
  • 700$ par mois pendant les 36 derniers mois.

Au total, cela représente 39 600$ sur cinq ans, sans intérêt. Une partie du prêt étudiant de 25 000$ consenti par le ministère de l’Éducation sera remboursée à même les 39 600$, mais le solde devra être payé par la suite. Lorsque Megan sera avocate, ses revenus lui permettront de faire face à ces versements supplémentaires et d’ici là, elle pourra envisager l’avenir avec plus de sérénité.

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