Une émission spéciale rendant hommage à l’oeuvre des Colocs

Julie Loiselle
Voilà déjà 25 ans qu’André «Dédé» Fortin nous a quittés, laissant derrière lui un héritage musical marquant. Son groupe, Les Colocs, fondé à Montréal en 1990, a marqué la scène québécoise pendant une décennie. Bien que le suicide de Fortin en 2000 ait mis fin à l’aventure de la formation, son influence demeure très présente. Cette émission spéciale, qui rend hommage à son oeuvre, est un véritable cadeau pour les fans.
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Pour l’occasion, plusieurs artistes interprètent les grands succès des Colocs dans des décors inspirés des années 1990. Tout en y apportant leur propre interprétation, ils réussissent à préserver l’essence des chansons et à transmettre leur profonde charge émotive.
Un loft chaotique
Entre les prestations, des proches de Dédé racontent souvenirs et anecdotes à son sujet, révélant un homme aussi tourmenté que passionné. L’émission s’ouvre sur Bon yeu, interprétée par Marc Déry dans un lieu familier aux fans: la devanture de l’église utilisée dans le vidéoclip original. Marc, qui a connu personnellement le chanteur, se remémore ses premières rencontres avec lui: «On se réunissait dans son immense loft. C’était un peu crade, mais en même temps très cute. Il y avait des artistes partout, des affaires partout, c’était [encombré]. Pour moi, c’était très impressionnant.» Les témoignages sincères qui ponctuent l’émission spéciale y ajoutent une dimension intime tout en soulignant l’impact culturel du groupe.
Sortir du moule
Puis, l’émission nous transporte dans un décor qui reconstitue le loft de Dédé, dans lequel se trouve le chanteur Daniel Boucher. Il interprète La chanson du scorpion, puis Belzebuth, avec l’intensité qu’on lui connaît. Alors que les paroles riches de ces deux pièces résonnent encore en nous, l’artiste sénégalais Élage Diouf (coauteur du morceau Tassez-vous de d’là) raconte: «Dédé était curieux en ce qui a trait aux images et aux sons. Il voulait s’éloigner de tout ce qui se faisait.»
La chanteuse Mara Tremblay abonde dans le même sens: «J’ai passé des heures avec Dédé à parler de sa passion du cinéma. Ses vidéoclips étaient à son image, chaotiques et colorés.» L’un de ses plus grands chefs-d’oeuvre reste le vidéoclip de la chanson Julie, qui a remporté plusieurs honneurs. Le chanteur Émile Bilodeau se fait un bonheur de l’interpréter pour nous, puis enchaîne avec la pièce Dédé.
Des chansons expliquées
L’émission se poursuit avec d’autres prestations et témoignages, dont celui de Sébastien Ricard, qui a incarné Fortin dans Dédé à travers les brumes. «S’il y a quelque chose qui distingue Les Colocs, c’est bien qu’ils savaient communiquer. Ils avaient un lien direct avec la communauté québécoise», souligne-t-il. Les membres du groupe étaient d’ailleurs très hétéroclites, Dédé se faisant un devoir d’avoir des gens de tous les horizons à ses côtés.
Marie-Annick Lépine, des Cowboys Fringants, chante ensuite sa version de La rue principale dans un décor étonnant, soit un champ en pleine campagne. Le public appréciera également les éclairages apportés sur certaines chansons tout au long de l’émission. Mara Tremblay explique notamment que Dehors novembre exprime la douleur et la culpabilité que son auteur ressentait après la mort de Patrick Esposito di Napoli, harmoniciste du groupe. Quant au Répondeur, elle évoquerait non seulement la solitude, mais aussi le besoin viscéral de Dédé d’être entouré.
Salut Les Colocs! se termine sur une note festive: Mara chante Passe-moi dont la puck devant une foule enthousiaste et conquise. Fidèle à l’esprit des Colocs, cette émission est un mélange de nostalgie, d’émotion brute et de célébration.
Cette émission riche en souvenirs et en musique sera suivie, à 22 h, du film Dédé à travers les brumes, réalisé par Jean-Philippe Duval, et mettant en vedette Sébastien Ricard et Mélissa Désormeaux-Poulin.