Danger sur les routes: une école de conduite de camionneurs dans la mire des autorités québécoises
Son propriétaire, Charanjit Singh Gill, est banni des contrats publics au Québec
Francis Halin et Denis Therriault
Des milliers de «camionneurs au rabais», dont plusieurs sont originaires d’Asie du Sud-Est, sillonnent nos routes au volant de poids lourds. Souvent mal payés, peu formés et au volant de camions laissant parfois à désirer, ils posent un risque pour la sécurité routière, dénoncent des responsables de l’industrie.
Le propriétaire d'une des plus importantes écoles de conduite de camionneurs de Montréal a été banni des contrats publics partout au Québec, reconnu coupable de fraude fiscale et mis à l'amende pour des formations non autorisées en Ontario.
Au cours des dernières semaines, notre Bureau d’enquête s'est intéressé à l'école de conduite K S Driving School, qui a pignon rue Jean-Talon.
Son propriétaire, Charanjit Singh Gill, se targue d'avoir formé des milliers d'étudiants en 25 ans et d’être la plus grande école de la métropole.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Or, nous avons découvert plusieurs problèmes liés à cette école:
▪ Son autre école en Ontario, KS 2000 Driving School, a écopé d’amendes pour avoir omis de produire des dossiers et entravé le travail d'un délégué
▪ Comme l'entreprise ne s'était toujours pas conformée aux exigences au 31 mai dernier, l'amende a atteint 60 000$
▪ Revenu Québec a condamné Charanjit Singh Gill à payer des amendes de plus de 86 000$ pour avoir omis de payer certaines taxes
▪ Charanjit Singh Gill et ses sociétés sont bannies des contrats publics
▪ Son entreprise a été pincée par la CNESST pour cotisations impayées
▪ Il y a trois ans, La Presse avait rapporté qu’une réceptionniste avait reconnu en cour que l’on y fabriquait de faux permis pour des immigrants originaires du Sud-Est.
Ces dernières semaines, Le Journal s’est penché sur le phénomène des chauffeurs au rabais, qui sont souvent mal formés, selon l’industrie.
Le propriétaire se défend
Interrogé par Le Journal, le propriétaire de K S Driving School, Charanjit Singh Gill, a répondu en anglais en assurant que «tout est sous contrôle» dans son école, à Montréal.
Il a expliqué avoir fermé son autre école de Cornwall, en Ontario, parce qu’il n’avait «pas le permis nécessaire» et qu’il avait déjà «fait faillite dans le passé».
Charanjit Singh Gill soutient que «ce n’est pas vrai» que son école a entravé le travail d’un enquêteur. Son avocat s’occupe de payer la pénalité de 60 000$, ajoute-t-il.

Pour ce qui est de l’amende de plus de 80 000$ auprès de Revenu Québec, il assure «faire le paiement chaque mois».
L’homme d’affaires précise aussi qu’il payera ses cotisations impayées à la CNESST.
Épinglé par la CTQ
Ce n’est pas la première fois que Charanjit Singh Gill est dans la mire des autorités.
En 2013, la Commission des transports du Québec (CTQ) a imposé à ses chauffeurs une formation sur les rondes de départ et heures de repos.
Un an plus tard, la CTQ a constaté que Charanjit Singh Gill n’a rien fait, ce qui lui a fait perdre son droit d’exploiter tout véhicule lourd.
Après avoir suivi une formation sur les heures de conduite et un cours pour les gestionnaires, il a pu retrouver le droit d’exploiter en 2016.
— Avec la collaboration de Nicolas Brasseur
Faits saillants
▪ Charanjit Singh Gill a fait faillite en 2005.
▪ Il a déposé une proposition de consommateur en 2016, indique Revenu Québec.
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