Au Gesù ce dimanche: une dernière tournée pour Jacques Michel

Guillaume Picard
Jacques Michel tire un trait sur la vie de tournée. À 80 ans, l’auteur-compositeur-interprète de renom ne renonce pas à la scène pour autant, mais il ne souhaite plus s’éloigner longtemps de son petit coin de paradis de l’île d’Orléans, d’où il peut chaque jour admirer le majestueux fleuve Saint-Laurent.
L’artiste a signé plus de 200 pièces depuis le début de sa carrière en 1963, dont les très demandées «Pas besoin de frapper», «Un nouveau jour va se lever» et «Amène-toi chez nous». Et juste avant la pandémie, il avait lancé l’album «Tenir», son 19e, chez Audiogram.
C’est un bouquet fait de ses grands succès et de ses nouvelles chansons qu’il livre à ses fidèles admirateurs dans le cadre de sa dernière tournée, qui va s’arrêter ce dimanche au Gesù, à Montréal, et qui va prendre fin au Grand Théâtre de Québec, le 15 janvier 2022.
«Je fais plusieurs de mes grands succès, dont j’ai modifié les accords, je leur ai fait une chirurgie esthétique et j’ai réussi à leur enlever quelques rides», a-t-il dit à l’Agence QMI avec un éclat de rire.
«Je donne plus de place à l’émotion, alors qu’avant, c’était le rythme qui dominait les chansons. Une chanson, c’est comme une maison : il faut bien refaire la peinture, on peut donner d’autres couleurs à nos murs.»
Il dit aussi être plus bavard sur scène, se racontant davantage que durant ses années les plus fastes. «Je n’étais pas gêné au début de ma carrière, j’étais pogné», a-t-il glissé.
«Je suis encore aussi perfectionniste que je pouvais l’être, mais j’ai plus d’assurance, je me fais davantage confiance. S’il arrive un pépin, je saisis cette chose-là et j’en tire profit. Je vais transformer ça en quelque chose de drôle.»

Continuer d’écrire
Jacques Michel continue aussi d’écrire, une passion qui ne s’essouffle pas. «J’ai de nouvelles chansons qui ne sont pas encore enregistrées, d’autres en chantier. Soit je les enregistrerai ou je les donnerai.»
L’artiste dit que dans un monde en perpétuelle évolution, «c’est évident qu’on a encore des choses à dire, notre vie change, nos relations amicales et conjugales changent, un amour qui est passionné peut devenir rempli de tendresse».
Cela ne devait pas être la dernière tournée de Jacques Michel, mais les deux années perdues à cause de la pandémie ont fait en sorte qu’il ne souhaite maintenant plus boucler ses grosses valises.
«Si on me demande pour faire quelques chansons, je ne dirai probablement pas non. Je suis en parfaite forme, en santé. Ma voix est impeccable, l’énergie est là aussi», a-t-il relaté.
Aventure et alternance
Jacques Michel est revenu sous les projecteurs en 2015, après un hiatus qui aura duré plus de 30 ans. Il n’a pas chômé pour autant dans l’intervalle, ayant signé une centaine de chansons pour «Le Village de Nathalie» et créé l’émission pour enfants «Sur la rue Tabaga». Il a aussi parcouru les mers sur son voilier, nourrissant ainsi sa soif d’aventure.
Quand il s’est éloigné de la scène au début des années 1980, la «chanson québécoise était dans un creux», a-t-il dit, et il a souhaité faire autre chose. «Ça devenait routinier et je n’aime pas la routine.»
Mais il y a six ans il a eu envie de revenir à ses premières amours. «L’alternance, dans la vie, c’est quelque chose bien. J’ai alterné toute ma vie. J’ai alterné entre mon pied-à-terre à Montréal et ma propriété à North Hatley. Après, j’ai alterné entre mon bateau et ma propriété à l’île d’Orléans, où je suis maintenant. Et là, j’alterne entre le boisé en Abitibi que j’ai acquis il y a 2-3 ans et ma résidence ici à l’île d’Orléans. Ça garde vivant de passer d’un univers à l’autre.»
Au sujet du boisé près du lac qu’il a fait sien dans le secteur où son père avait ses sentiers de bûcheron, près de Rouyn-Noranda, Jacques Michel dit avoir «retrouvé des arbres qui ont pris racine dans ce sol là en même temps que moi. Ils ont mon âge».