Une décision de Rozon hante encore Juste pour rire


Michael Nguyen
Juste pour rire devra réintégrer un archiviste ayant été congédié par la nouvelle administration, mais à qui l’ex-magnat de l’humour Gilbert Rozon avait fait signer un contrat pour une embauche «à vie».
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«[Rozon] a essentiellement plaidé qu’il ne s’était pas engagé personnellement vis-à-vis de l’ex-employé, mais qu’il l’a plutôt fait au nom [de Juste pour rire] au moment de la prise de l’engagement pour un contrat à vie», peut-on lire dans une décision rendue cette semaine par le juge Marc St-Pierre, au palais de justice de Montréal.
Ainsi, le «fantôme de l’humour» André Gloutnay pourra recommencer à classer et archiver les milliers de spectacles d’humour qui se font à travers le monde, tel qu’il le faisait depuis 1993.
À cette époque, il avait été embauché par Gilbert Rozon lui-même. Son travail était tellement apprécié qu’en 2004, il avait signé un engagement pour qu’il soit employé «à vie» du groupe Juste pour rire.
«Bien qu’il ne soit pas vu publiquement, son implication était essentielle, faisant partie des piliers de l’entreprise», indiquait M. Gloutnay dans un document de cour, citant une biographie de Juste pour rire.
Congédié en 2019
Les choses ont rapidement changé en 2017 à la suite des allégations d’inconduites sexuelles à l’encontre de Gilbert Rozon. Face au scandale, le magnat de l’humour déchu a vendu ses parts du groupe qu’il avait fondé, et la nouvelle administration n’a pas vu d’un bon œil les modalités de ce contrat.
En 2019, M. Gloutnay a été congédié, cela lui causant une importante détresse. Il a donc intenté une poursuite civile contre Juste pour rire. Et parallèlement, il s’est cherché un nouvel emploi.
«Il a fait de nombreuses applications à des entreprises œuvrant dans le secteur d’activités et il a même offert à un employeur potentiel de déménager [...] dans une autre ville», peut-on lire dans le jugement.
Réintégration
Entre-temps, Juste pour rire a ouvert plusieurs postes qui auraient été intéressants pour M. Gloutnay, mais ce dernier s’était fait interdire d’y avoir accès.
Le tribunal aura finalement donné raison à M. Gloutnay, qui sera réintégré dans son emploi, et recevra le salaire perdu depuis son congédiement. Il sera aussi dédommagé de 20 000 $ supplémentaires, a ordonné le magistrat.
«Le président en poste lors de la terminaison d’emploi a depuis été remplacé et les deux cadres supérieurs consultés pour la prise de décision [à l’époque] n’ont manifestement pas d’hostilité à son endroit», a ajouté le juge, qui a voulu s’assurer que la réintégration de l’archiviste se fasse sans anicroche.
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