Une croix sur la Russie
Louis Butcher
C’est un point de non-retour pour la Russie. Le Grand Prix, prévu en septembre prochain, a non seulement été annulé, mais la Formule 1 ne compte plus y retourner dans les années à venir.
Les autorités de la discipline-reine du sport automobile ont annoncé hier avoir déchiré le contrat avec le promoteur local de cette course.
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C’était la dernière étape d’une rupture inévitable. La semaine dernière, la F1 avait confirmé ses intentions de rayer l’épreuve de Sotchi à son calendrier après une réunion extraordinaire tenue en lien avec l’invasion en Ukraine.
Avant même cette décision, plusieurs pilotes, dont Sebastian Vettel, avaient clairement fait savoir qu’il n’était pas question pour eux de faire escale en Russie en 2022.
«La F1 met fin à son entente avec le promoteur du Grand Prix de Russie, peut-on lire dans un communiqué diffusé jeudi. Ce qui signifie aussi que la Russie n’accueillera plus de courses dans l’avenir.»
Mazepin bientôt remplacé ?
Cet accord jeté à la poubelle était valide jusqu’en 2025 et prévoyait notamment que la course soit déplacée à Saint-Pétersbourg à partir de l’an prochain sur le tracé d’Igora Drive.
Cette décision survient au moment où les sanctions sportives à l’endroit de la Russie s’accentuent. La Fédération internationale de l’automobile (FIA) a autorisé les pilotes russes (et biélorusses) à courir, mais uniquement sous bannière neutre.
Par contre, la Grande-Bretagne a sévi davantage puisqu’aucun représentant de ces deux pays concernés ne pourra disputer de compétitions sur son territoire.
Le pilote Nikita Mazepin est directement visé par cette mesure. Selon plusieurs sources, celui qui ne doit sa présence en Formule 1 qu’à l’appui d’Uralkali, une entreprise russe dont son père, Dmitry, est coactionnaire, devrait perdre son volant au sein de l’écurie Haas.
L’équipe américaine s’est dissociée de ce partenaire et pourrait annoncer le remplacement de Mazepin avant la deuxième et dernière ronde des essais hivernaux qui auront lieu du 10 au 12 mars à Bahreïn.
Kvyat regrette la discrimination
Il se dit horrifié par les événements en Ukraine, mais Daniil Kvyat regrette la discrimination dont font l’objet les sportifs russes.
Cet ancien pilote de F1, qui souhaite participer aux prochains 24 Heures du Mans en juin, prétend qu’il ne faut pas mêler le sport et la politique.
«En empêchant des athlètes russes de prendre part à des compétitions internationales, affirme-t-il, cette attitude va à l’encontre des principes du sport qui sont l’unité et la paix.
«Qui d’autres que nous les sportifs, a-t-il enchaîné, aidera à rassembler les nations dans l’avenir ?»
Ecclestone en rajoute
Il a beau avoir été écarté d’une discipline qui l’a rendu milliardaire, Bernie Ecclestone continue d’alimenter les discussions et de faire réagir par ses commentaires.
Cité par plusieurs sites spécialisés en Europe, l’ancien patron de la F1 a appuyé les propos de Kvyat.
«Si un pilote russe, se questionne-t-il, participe à des Grands Prix, qu’est-ce que cela a à voir avec l’opération menée par ce pays ? Ce n’est en aucun cas lié.»
Ecclestone s’est aussi interrogé sur la décision d’annuler l’épreuve prévue plus tard cette année à Sotchi.
«Je ne suis pas sûr, dit-il, que c’était la bonne décision à prendre...»
Sidorkova écope
Irina Sidorkova est la première «victime» des sanctions imposées en sport automobile.
La jeune pilote russe devrait participer aux essais préparatoires en prévision de la nouvelle saison du championnat W Series réservée aux femmes, mais elle devra faire l’impasse sur cette activité organisée au circuit de Barcelone cette fin de semaine en Espagne.