Une conseillère municipale se dit trop mal en point pour siéger, mais est assez en forme pour faire de la politique

Une conseillère municipale qui se disait trop physiquement mal en point pour effectuer son travail d’élue a néanmoins participé à des événements mondains et même accordé des entrevues pour lancer sa campagne électorale.

La conseillère Patricia Poissant s’est absentée de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu pour des raisons de santé physique du 6 décembre au 20 mai dernier. Selon nos informations, elle a subi une opération à la hanche.

Pendant son congé de maladie, elle n’a pas été présente aux rencontres de travail ni au conseil municipal. Elle pouvait pourtant participer virtuellement aux séances du conseil, ce qu’elle n’a fait qu’une seule fois, pendant 45 minutes.

Durant la même période, elle s’est toutefois rendue à deux événements-bénéfice, où elle a été photographiée en compagnie du chef de son parti, comme le montrent des publications de la page Facebook de la Coalition Éric Latour.

Elle a aussi accordé des entrevues pour annoncer sa candidature à la prochaine campagne électorale, notamment en studio, à la télévision communautaire locale.

«Les citoyens, tout comme plusieurs membres du conseil municipal, semblaient très mal à l’aise face à cette situation», a commenté la mairesse de Saint-Jean-sur-Richelieu, Andrée Bouchard, qui est aussi son adversaire politique.

Souper oui, siéger non

Jointe au téléphone, M^me Poissant a indiqué qu’elle n’a fait que «respecter les consignes de son médecin», qui lui a «permis» de sortir au restaurant, mais pas d’assister aux séances du conseil municipal, même virtuellement.

«Je n’ai fait aucune activité partisane. Je suis allée [dans ces événements] de façon personnelle. [...] Je ne suis pas allée avec M. Latour. On s’est retrouvés au même endroit, comme par hasard, les deux à la même place», a commenté M^me Poissant.

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«J’ose espérer que ça fait partie un peu de la réhabilitation de pouvoir aller manger au restaurant ou d’aller deux heures dans un vins et fromages», soutient la conseillère.

M^me Poissant n’a toutefois pas pu nous expliquer pourquoi son médecin autorisait sa participation à de telles sorties, mais pas aux séances du conseil municipal.

«Je pense qu’on est en campagne et qu’on tire sur le cheval qui est en avant», a dénoncé cette dernière.

La conseillère nous a indiqué que son médecin lui a permis d’assister à une séance du conseil seulement une fois, pendant 45 minutes maximum, le 25 mars. M^me Poissant avait alors franchi la limite des 90 jours consécutifs pendant lesquels un élu peut s’absenter du conseil de ville.

Un problème de cohérence

Le chef Éric Latour nous a indiqué qu’il appuyait sa candidate et que le centre de services scolaire où elle travaillait ne lui a pas permis d’effectuer son travail d’élue pendant son congé de maladie.

Nous n’avons pas pu vérifier cette information, car le Centre de services scolaire des Hautes-Rivières a refusé de commenter la situation pour des raisons de confidentialité.

Les experts que nous avons consultés se sont dits perplexes.

«Ça ressemble beaucoup au cas de la directrice générale de La Macaza, qui était en congé de maladie dans cette ville, mais travaillait comme mairesse ailleurs. [...] C’est un problème de cohérence éthique», analyse Danielle Pilette, professeure à l’UQAM spécialisée en gestion municipale.

«Si on a une incapacité à se déplacer, on ne peut pas choisir à la pige les activités où on se déplace et celles où on ne se déplace pas», souligne aussi Michel Séguin, professeur en organisation et ressources humaines à l’UQAM et spécialiste en gestion éthique et en gouvernance.

«Sur le plan éthique, il y a toujours l’apparence dont on doit tenir compte. Les politiciens doivent faire attention à ce que leurs actions ne nuisent pas à l’image de leur fonction», dit aussi M. Séguin.