Une compagnie de Sorel-Tracy veut que les épiceries fassent plus de place aux produits locaux
Elle bénéficie du mouvement d’achat local
Zoé Arcand
Les producteurs d’un fromage à la crème d’ici, qui se vend «comme un petit pain chaud» depuis les menaces de tarifs de Trump, demandent aux détaillants de faire plus d’efforts pour promouvoir l’achat local.
«Il faudrait que les détaillants fassent leur part et donnent plus de place aux produits locaux, souligne Jennifer Beauchamp, la directrice marketing de Maison Riviera. C’est ce que les gens veulent.»
On observe effectivement cette tendance dans le comportement des clients, qui veulent «particulièrement savoir quels produits sont préparés ici, au pays», confirme l’équipe de relations publiques Loblaws, à qui appartiennent notamment Maxi et Provigo.

Comme des petits pains chauds
La Laiterie Chalifoux en sait quelque chose. Depuis le début de l’année, les ventes du fromage à la crème de sa marque Maison Riviera ont plus que doublé en comparaison de l’année dernière.
«Ça se vend comme des petits pains chauds», se réjouit Mme Beauchamp, assurant que généralement, la demande est croissante pour l’ensemble de ses produits, particulièrement dans les dernières semaines.
D’ailleurs, chez Loblaws, on assure redoubler d’efforts pour «s’approvisionner en produits cultivés et préparés au Canada dans la mesure du possible», en plus de mettre de l’avant «les produits préparés au Canada dans nos magasins, en ligne et dans nos circulaires».
En plus de travailler à élargir sa chaîne d’approvisionnement au-delà des États-Unis, la chaîne d’épiceries indique discuter avec ses fournisseurs canadiens actuels «pour nous approvisionner davantage auprès d’eux» et être à la recherche de nouveaux fournisseurs locaux.
Des ententes avec des multinationales américaines
Pourtant, «collectivement, le plus gros enjeu qu’on a, les PME locales, c’est avec les détaillants», maintient Mme Beauchamp, soulevant que «certains détaillants posent plus problème que d’autres».
Malgré l’engouement pour l’achat local, qui a le vent dans les voiles dans la foulée des menaces de guerre tarifaire avec les États-Unis, les produits de multinationales comme le fromage Philadelphia de Kraft Heinz prennent toujours beaucoup de place sur les tablettes des épiceries.

«C’est plus dur de nous repérer que de trouver ces grosses marques américaines, déplore la directrice marketing. Donc même si les consommateurs veulent acheter nos produits, il y a tellement d’ententes importantes entre les détaillants et les multinationales qu’on se retrouve avec très peu d’espace sur les tablettes.»
Car pour avoir un emplacement favorisant les ventes en épicerie, il faut débourser des montants que ne peuvent pas se permettre les PME comme la Laiterie Chalifoux.
En plus d’embaucher 140 personnes dans son usine de Sorel-Tracy et ses bureaux de Varennes, la Laiterie Chalifoux travaille étroitement avec les Producteurs laitiers du Québec, qui lui fournissent le lait nécessaire pour concocter ses produits.
Le climat géopolitique actuel serait pourtant «l’opportunité pour les détaillants de donner plus de place aux compagnies d’ici», croit Mme Beauchamp, et de jouer un rôle dans la résistance aux ambitions impérialistes américaines.
Depuis 2021, c’est la compagnie française Alsace Lait qui détient la majorité des parts de la Laiterie Chalifoux, fondée par la famille du même nom il y a plus de cent ans en Montérégie. La compagnie est toujours en activité dans la Belle Province et elle revendique fièrement sa part dans l’économie locale.
Metro, aussi contactée par Le Journal, n’a pas répondu à nos questions au moment d’écrire ces lignes.