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L'article provient de TVA Sports
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Une chasse aux Québécois avec la présence des Nordiques?

En juin 1988, Marcel Aubut (au centre) présente fièrement son nouveau directeur général Martin Madden (à gauche) et son nouvel entraîneur-chef Jean Perron (à droite).
En juin 1988, Marcel Aubut (au centre) présente fièrement son nouveau directeur général Martin Madden (à gauche) et son nouvel entraîneur-chef Jean Perron (à droite). PHOTO LES ARCHIVES JOURNAL DE QUÉBEC
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Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2025-05-24T23:00:00Z
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Le 25 mai 1995, les Nordiques s’en allaient. Trente ans plus tard, Le Journal a consulté de nombreux intervenants en demandant: «Et s’ils étaient restés?». À quoi ressemblerait la ville, la rivalité, le hockey au Québec... Notre dossier vous propose d’imaginer cet univers parallèle malheureusement fictif, mais fascinant.


Si les Nordiques étaient toujours en vie pour faire le bonheur de leurs partisans endeuillés depuis 1995, faut-il conclure que leur présence assurerait un plus grand nombre de joueurs québécois dans la LNH?

Le nombre de joueurs du Québec a grandement décliné au fil des ans.

Certains estiment que le Canadien aurait été naturellement forcé à regarder davantage dans sa cour au chapitre du recrutement si les Nordiques se trouvaient dans les pattes du CH pour s’attirer la ferveur du public québécois.

«Oui, des Québécois auraient été repêchés par les Nordiques, et par la force des choses, à Montréal aussi, à cause de la compétition», concède Martin Madden père, qui a œuvré chez les Nordiques de 1980 à 1990, dont une saison et demie comme directeur général.

Martin Madden lors d'une conférence de presse à titre de directeur général des Nordiques, en 1988.
Martin Madden lors d'une conférence de presse à titre de directeur général des Nordiques, en 1988. PHOTO CLAUDE RIVEST / LES ARCHIVES JOURNAL DE MONTRÉAL

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Celui-ci tempère toutefois rapidement ses propos initiaux.

«Chaque club de la LNH a un recruteur dans la province. Quelle importance amène-t-il à la table de repêchage? C’est ça la question.»

«Il faut que tu sois sûr qu’il peut jouer dans la LNH pour avoir la conviction de pousser fort pour lui. Peut-être qu’il y aurait eu plus de joueurs québécois repêchés par les Nordiques, mais on ne peut pas savoir si ça en aurait amené beaucoup plus à jouer dans la LNH sur une base régulière», fait-il valoir.

Plus de chances à Québec?

Après les Nordiques, Madden a été dépisteur pour les Rangers, le Canadien, les Hurricanes et les Ducks, où il a épaulé jusqu’en 2022 son fils Martin Madden junior, assistant au directeur général.

L’équipe a eu le don de repêcher des joueurs québécois, dont trois en 2022 (Nathan Gaucher, Noah Warren et Tristan Luneau).

«Tout ce bagage de Québécois repêchés par les Ducks, s’ils avaient été sélectionnés par les Nordiques, est-ce que ça aurait fait la différence entre jouer ou ne pas jouer dans la LNH?» se questionne l’homme qui mange toujours du hockey à 81 ans.

Difficile de croire que les Nordiques ne donneraient pas toutes les chances au monde à leurs joueurs québécois de percer, conviennent les personnes questionnées.

Des erreurs majeures

Et encore faut-il voir poindre le talent de chez nous au bon moment.

Plongeant dans ses souvenirs, André Savard, fier membre des Nordiques dans les années 1980, directeur général du Canadien au tournant des années 2000 et aujourd’hui conseiller chez les Devils du New Jersey, se souvient que lorsqu’il était dépisteur pour les Sénateurs d’Ottawa, en 1998, il avait supplié Pierre Gauthier d’opter pour un certain Simon Gagné, sans succès.

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André Savard (à gauche), et Martin Madden (à droite), avec Réjean Houle et Guy Carbonneau, chez le Canadien
André Savard (à gauche), et Martin Madden (à droite), avec Réjean Houle et Guy Carbonneau, chez le Canadien PHOTO NORMAND PICHETTE / LES ARCHIVES JOURNAL DE MONTRÉAL

Pire encore, lorsque Savard était directeur général du Canadien en 2003, il avait demandé à ses dépisteurs un état des lieux quant aux choix potentiels de l’équipe en deuxième ronde, question d’aller les voir de plus près.

«Personne de mon équipe n’avait Patrice Bergeron dans sa liste en deuxième ronde», confie-t-il, comme quoi la présence d’une autre équipe au Québec ne pourrait pas nuire.

Savard se souvient que même dans les dernières années à Québec, le talent d’ailleurs faisait de plus en plus concurrence aux joueurs québécois.

«Les Suédois, comme les Finlandais, ont toujours été très à l’aise dans notre style de vie au Québec. On ne va jamais négliger l’aspect québécois, mais à Québec, les Nordiques auraient continué de regarder beaucoup du côté des pays scandinaves. Ce n’est pas automatique qu’il y ait plus de joueurs québécois dans la ligue si les Nordiques étaient là», pense-t-il.

D’autres moyens

Autant avec les Nordiques qu’avec le Canadien par la suite, André Savard (à la gauche de Pierre Lacroix), n’a jamais hésité à regarder du côté des talents québécois.
Autant avec les Nordiques qu’avec le Canadien par la suite, André Savard (à la gauche de Pierre Lacroix), n’a jamais hésité à regarder du côté des talents québécois. Rene Baillargeon / Le Journal de Quebec

Savard est toutefois de ceux qui croient à l’impact de la présence de joueurs locaux au sein d’une équipe.

«Quand je suis arrivé à Montréal, il n’y avait à peu près pas de Québécois. La saison suivante, on en avait 10. Je croyais beaucoup à ça, mais j’y suis arrivé par les transactions plutôt que le repêchage. La fierté des gars de la place avait amené l’équipe en séries. Avec les Nordiques, ça aurait probablement été la façon de faire aussi», dit-il.

Pour Bernard Brisset, qui a travaillé aux communications autant pour les Nordiques que pour le Canadien, le constat actuel est plus sombre.

«Une des choses que j’ai entendues trop souvent, c’est qu’il y aurait plus de joueurs francophones avec le Canadien si les Nordiques étaient là. Qu’on le veuille ou non, la qualité des joueurs québécois est bien moindre qu’elle a déjà été. Il n’y a à peu près plus de grands joueurs qui sortent du Québec», statue-t-il.

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