«Une catastrophe»: des commerçants de l’île Bizard pestent contre les mesures entourant la Coupe des Présidents
Leurs chiffres d’affaires ont subi des pertes de 15 à 20% depuis le début de la semaine

Mathieu Boulay
La grogne des résidents et des commerçants de l’île Bizard a continué de se faire sentir jeudi. Ces derniers ont encaissé des pertes de revenus de 15 à 20% depuis le début de la semaine.
En raison des bouchons de circulation du matin au soir, les commerçants et les résidents y ont goûté depuis le début de la semaine. Pendant que les résidents mettent plus de deux heures pour retourner à leur domicile, les petits commerces ont vu leur chiffre d’affaires souffrir de façon significative.
Ils pointent tous le système de filtration de la circulation pour expliquer cette situation frustrante au possible.
«Une catastrophe. J’ai encaissé des pertes d’au moins 15% par jour, explique Tommy Nicolosi, propriétaire de la Pâtisserie de L’Île-Bizard, qui est située à quelques mètres du pont qui donne accès à l’île. Mes seuls clients, ce sont les policiers qui viennent acheter du café tous les jours.
«Avec la présentation du tournoi, je devrais faire plus d’argent, mais j’en fais moins.»
Lors d’une entrevue avec le collègue François-David Rouleau il y a quelques semaines, Nicolosi avait prédit que le système de filtration de la circulation serait un échec.
«Quand j’ai vu les vignettes arriver, je savais que les clients seraient plus rares», ajoute celui qui a reçu une dizaine d’annulations pour des gâteaux et plusieurs commandes UBER depuis lundi. Mercredi, après 21h, certains résidents ont eu besoin de 2h30 pour regagner leurs domiciles.»
Des réussites dans le passé
Daniel Brouillard est le propriétaire de La Frite de L’Île depuis 18 ans. Il a connu une baisse approximative de 20% de son chiffre d’affaires.
«C’est pourri, mentionne-t-il au sujet de ses revenus des derniers jours. En 2007, la dernière fois où la Coupe des Présidents a été présentée ici, c’était beaucoup mieux même s’il n’y avait pas eu beaucoup de retombées économiques.»
Avant l’annonce de jeudi (voir autre texte), il ne pouvait pas recevoir ses livraisons de fromage et de pommes de terre, qui sont cruciales pour le bon fonctionnement de son restaurant.
«C’est un casse-tête pour la gestion de l’inventaire parce qu’on ne sait pas combien de clients nous allons avoir», ajoute M. Brouillard.
Même chose pour le salon de coiffure sans rendez-vous d’Abdellah Sadellah.
«Habituellement, j’ai une dizaine de clients par jour. Là, c’est deux ou trois. Ce n’est pas facile.»
Des résidents à fleur de peau
Depuis le début des travaux du pont de l’île Bizard, les résidents ont dû faire preuve d’une patience exemplaire. Cependant, la présentation de la Coupe des Présidents en a ajouté une couche.
On peut penser que plusieurs d’entre eux, même s’ils sont fiers d’accueillir un événement international à quelques rues de leur résidence, ont hâte que le tournoi se termine.
«Vous avez donné la priorité à l’événement, aux golfeurs et aux spectateurs au-dessus du bien-être des familles qui vivent sur l’île», a écrit Michael Morganti sur la page officielle de l’arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève.
Des commentaires comme ceux-là, on en retrouve une centaine sur la page de l’arrondissement. Il faudra voir si les nouvelles mesures mises en place jeudi par la Ville de Montréal atténueront la grogne qui est à son plus haut niveau depuis le début de la semaine.
– Avec la collaboration de Benoit Rioux